Ukraine: Des centaines de milliers d'opposants dans la rue contre Ianoukovicth et pour l'Europe
MANIFESTATIONS•Les opposants au gouvernements annoncent un million de manifestants réunis pour dénoncer la «vente» de leur pays à la Russie...20 Minutes avec AFP
Plusieurs centaines de milliers d'opposants pro-européens, «jusqu'à un million» selon les organisateurs, se sont rassemblés dimanche dans le centre de Kiev pour réclamer le départ du président Viktor Ianoukovitch accusé de «vendre» l'Ukraine à la Russie.
La place de l'Indépendance appelée aussi Maïdan, haut lieu de la Révolution orange de 2004 qui avait porté au pouvoir des pro-occidentaux, était noire de monde ainsi que les rue voisines, selon des journalistes de l'AFP.
Un mesage de Ioulia Timochenko
Les manifestants ont chanté l'hymne de l'Ukraine avec écrivains, philosophes et dignitaires religieux présents sur scène aux côtés des leaders de l'opposition et de la fille de l'opposante et ex-Premier ministre emprisonnée Ioulia Timochenko qui a lu ensuite le message de sa mère.
«Notre objectif est le départ immédiat du président ukrainien», a lu Evguénia. «Démission! démission!», a scandé la foule.
«Ne baissez pas les bras, ne faites pas de pas en arrière, ne vous mettez pas à la table des négociations avec ce pouvoir qui a le sang sur les mains», a-t-elle poursuivi en référence aux violences policières il y a une semaine contre des étudiants.
«Nous avons aujourd'hui le choix entre sombrer dans une dictature corrompue et le retour à la maison, en Europe», a-t-elle lancé.
«Liberté à Ioulia!», a également scandé la foule.
Un «partenariat stratégique» qui ne passe pas
Le refus du pouvoir de signer fin novembre l'accord d'association avec l'UE négocié depuis trois ans et les violences contre les manifestants ont plongé ce pays de 46 millions d'habitants dans une crise politique sans précédent depuis la Révolution orange.
La tension est montée d'un cran après la visite vendredi du président Viktor Ianoukovitch en Russie où il a discuté avec son homologue Vladimir Poutine de «partenariat stratégique».
La Russie a été accusé par les Européens d'avoir exercé des pressions économiques et menaces «inacceptables» sur le pouvoir ukrainien pour qu'il renonce à l'association avec l'UE.
Ukraine à vendre?
«Ce Maïdan ne doit pas permettre à Ianoukovitch de vendre l'Ukraine à la Russie», a lancé Arseni Iatseniouk, allié de Mme Timochenko qui a affirmé samedi que le président ukrainien s'apprêtait à signer le 17 décembre un accord d'adhésion de l'Ukraine à l'Union douanière d'ex-républiques soviétiques menée par Moscou.
Le pouvoir a catégoriquement démenti en dénonçant «des provocations».
Un boxeur politique
Le boxeur Vitali Klitschko, un autre leader de l'opposition a pour sa part appelé à une grève générale.
«Je suis sûr que nous sommes capables de faire tomber le pouvoir», a lancé Vitali Klitschko.
Selon son mouvement Oudar, le nombre de manifestants sur la place de l'Indépendance «approchait un million».
Les indignés ukrainiens
«Nous sommes ici pour l'avenir européen de l'Ukraine, pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous voulons que la justice règne pour tout le monde et que le pouvoir cesse de voler», a déclaré à l'AFP Viktor Melnitchouk, un retraité de 52 ans.
«Je ne m'intéresse pas à la politique mais il y a tant de choses qui m'indignent. La dernière goutte c'était le passage à tabac des étudiants», a dit Marianna Vakhniouk, 26 ans, venue de Lviv, en référence à la dispersion violente le 30 novembre d'une manifestation au même endroit qui a fait de nombreux blessés, principalement des étudiants.
Entre 200.000 et 500.000 personnes s'étaient rassemblées le 1er décembre sur cette place après une dispersion violente la veille d'un campement d'étudiants au même endroit.
Des élections ou une loi
L'opposition réclame l'organisation d'élections anticipées ainsi que la punition des responsables des violences policières et la libération de personnes mises en détention provisoire pour des «troubles» et qu'elle juge innocentes.
Quelque 15.000 partisans du président Viktor Ianoukovitch se sont rassemblés de leur côté devant le parlement, brandissant des drapeaux bleus de son Parti des régions, a constaté un journaliste de l'AFP. Certains d'entre eux ont reconnu avoir été payés.
Le ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko, accusé par l'opposition d'être responsable des violences contre les manifestants, a mis en garde les éventuels fauteurs de troubles.
«Certains hommes politiques disent que le pouvoir est illégitime et appellent à frapper les policiers et prendre d'assaut les organes du pouvoir. Nous allons réagir dans le cadre de la loi», a-t-il prévenu.