MONDEKidal, symbole d'un Mali encore loin d'être pacifié

Kidal, symbole d'un Mali encore loin d'être pacifié

MONDEDeux journalistes français ont été tués samedi dans le nord du pays, une région très instable...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Qui a tué Ghislaine Dupont et Claude Verlon, et pourquoi ? De nombreuses questions restent sans réponse au lendemain de l’assassinat de deux reporters français de RFI dans le nord du Mali, une région sur laquelle les rebelles touaregs et les groupes armés terroristes ont gardé la main.

Pour Philippe Hugon, directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), les responsabilités sont plutôt à rechercher du côté Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi): «On peut écarter une action du mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du groupe islamiste armé ex-Ansar Dine qui vient de participer à la libération des otages d’Arlit», estime le spécialiste du Mali. En revanche, l’exécution des journalistes pourrait être une «réponse d’Aqmi à la libération des otages ou au fait que les journalistes enquêtaient sur la stratégie d’Aqmi dans la région de l’arc sahélo-saharien», indique-t-il à 20Minutes.

Une région encore très instable

Dix mois après le début de l’opération Serval, menée par l’armée française, Kidal reste le fief des touaregs. Le groupe islamiste armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), qui contrôlait Kidal avant l'intervention française, semble même avoir repris des forces: «Depuis fin septembre, des commandants d’Ansar Dine paradent dans Kidal au vu et au su de tous. Le retour de militants islamistes est connu», a dénoncé Tiébilé Dramé, le président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA).

«Kidal est une ville très instable, où l’administration malienne, la police et l’armée ne sont pas présentes, explique Philippe Hugon. C’est une zone de non droit où la sécurité est assurée de loin par la Minusma (Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) et les troupes de la force Serval.» Alors que des élections législatives doivent avoir lieu fin novembre, les attentats et attaques islamistes se sont multipliés à Kidal depuis septembre. L’enlèvement et l’exécution des deux journalistes français devant le domicile d'un représentant touareg qu'ils venaient d'interviewer est une preuve de plus de la difficulté à sécuriser le nord du Mali, où les trafics transfrontaliers d’armes, de drogues ou de migrants attisent les rivalités entre les clans rivaux.