Etats-Unis: Des condamnés à mort exécutés avec des anesthésiants pour animaux
MORT•Face à la pénurie de barbituriques, certains Etats utilisent des produits non homologués pour leurs exécutions, au risque de faire souffrir atrocement les prisonniers...20 Minutes avec AFP
Les Etats américains, confrontés à une pénurie de barbituriques pour conduire leurs exécutions, n'ont d'autre choix que de se tourner vers des produits non homologués, au grand dam des prisonniers qui craignent de mourir dans des souffrances atroces.
Deux hommes ont été exécutés mercredi au Texas et en Arizona, par l'injection à dose létale d'un anesthésiant pour animaux, qui avait été fabriqué par un préparateur en pharmacie non agréé au niveau fédéral. Les deux condamnés avaient sans succès porté l'affaire en justice -jusque devant la Cour suprême pour l'un d'entre eux- arguant que la préparation n'avait été ni testée ni approuvée et qu'elle risquait de leur faire subir un «châtiment cruel» interdit par la Constitution.
Le Missouri adopte le propofol
Les Etats qui pratiquent la peine de mort «se trouvent dans une impasse», a expliqué à l'AFP Deborah Denno, une spécialiste de l'injection mortelle aux Etats-Unis. Ils ne parviennent simplement plus à s'approvisionner en pentobarbital, l'anesthésiant adopté en dose unique depuis 2011. Leur source d'approvisionnement en ce produit, un fabricant danois, a refusé de leur en fournir pour exécuter des prisonniers, et un tribunal de Washington vient d'interdire d'acheter des substances non réglementées aux Etats-Unis auprès de laboratoires étrangers .
Ohio, Missouri, Texas, Géorgie, Floride, Arizona: du nord au sud du pays, «la majorité des huit Etats ayant pratiqué des exécutions cette année font des changements dans leurs procédures», résume auprès de l'AFP Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale (DPIC). Le Missouri a par exemple adopté le propofol, l'anesthésiant qui a tué Michael Jackson, mais s'est vu contraint de rendre son stock, après les objections du fabricant allemand, qui refuse d'être associé à des exécutions.
Des officines au parfum de scandale
Acculés par l'épuisement de leurs stocks, la plupart «se ruent vers des sociétés de préparation en pharmacie», qui sont placées sous l'autorité des Etats et non de la loi fédérale régissant les grands laboratoires, pointe Deborah Denno, professeur à la Fordham University. Si les Etats maintiennent autant que possible une chape de plomb sur leurs pratiques, le Texas a été contraint par la justice de révéler sa source d'approvisionnement. Mais une fois identifié, le préparateur texan, refusant d'être mêlé à la polémique, a lui aussi exigé que son stock lui soit «immédiatement» retourné, sans succès.
Ces officines, dont les produits ne sont pas agréés par l'Agence fédérale de contrôle des médicaments (FDA), ont déjà été mêlées à un scandale, en novembre 2012, lorsque l'une d'entre elles avait été jugée responsable d'une épidémie de méningite mortelle en raison de problèmes d'hygiène.