ENQUÊTEVol MH370: Les pilotes et les passagers étudiés par les enquêteurs

Vol MH370: Les pilotes et les passagers étudiés par les enquêteurs

ENQUÊTEne semaine après la disparition de l'avion de la Malaysian Airlines, les enquêteurs s'intéressent de près aux pilotes et aux passagers...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le scénario d'un changement «délibéré» de la trajectoire du vol MH370 suivi de sept heures de vol après rupture des contacts avec le contrôle aérien place au centre de l'enquête les pilotes et les passagers, dont deux avaient des passeports volés.

Le Premier ministre de Malaisie a annoncé samedi que des données de radars et de satellites indiquaient une désactivation des systèmes de communication et un changement radical du cap du Boeing 777 de Malaysia Airlines. L'appareil a continué sa route pendant près de sept heures après avoir disparu des écrans des radars civils.

Les mouvements de l'appareil «sont cohérents avec une action délibérée de quelqu'un à l'intérieur de l'avion», a déclaré Najib Razak, lors d'une conférence de presse. Les enquêteurs ont par conséquent «déplacé leur enquête sur l'équipage et les passagers».

«Pour moi, il n'y a que quelques scénarios possibles», déclare Paul Yap, expert en aviation à l'école Temasek Polytechnic de Singapour.

«Première hypothèse, "l'action délibérée" est l'oeuvre d'un des deux pilotes, ou des deux», détaille-t-il. «Ou alors, des terroristes obligent les pilotes à changer de trajectoire et coupent par la force les transbordeurs, en menaçant peut-être de tuer des passagers».

Transbordeur désactivé

Le transbordeur, qui transmet vitesse et localisation d'un avion, a été désactivé au moment où l'appareil a atteint sa vitesse de croisière, selon les analystes. C'est aussi le moment où l'un des deux pilotes prend une pause et sort du cockpit.

Les pirates du 11 septembre 2001 avaient éteint les transbordeurs de trois des quatre avions détournés.

Le vol MH370 était sous le commandement du pilote Zaharie Ahmad Shah, 53 ans, assisté de son copilote, Fariq Abdul Hamid, 27 ans. Le jeune homme avait rejoint Malaysia Airlines à 20 ans et étudié le pilotage à Langkawi (Malaisie). Il est le fils d'un haut responsable du ministère des travaux publics d'un des Etats du pays.

Zaharie est lui un vétéran. Il travaille pour la compagnie malaisienne depuis 1981 et compte 18.365 heures de vol. Des collègues l'ont décrit comme «un pilote accompli», autorisé par l'aviation civile à conduire les examens pour pilotes sur simulateur.

Des journalistes malaisiens ont indiqué à l'AFP avoir vu entrer la police dans le logement du commandant samedi, où elle est restée deux heures. La police a refusé de confirmer.

Aucune revendication

S'il s'agit d'un détournement, les soupçons se porteront sur les deux passagers munis d'un passeport volé.

Interpol a identifié les deux hommes, des Iraniens, rapidement: il s'agit de Seyed Mohammed Reza Delavar, 29 ans, avec un passeport italien, et de Pouria Nourmohammadi, 18 ans, avec un passeport autrichien. Les deux documents avaient été dérobés en Thaïlande.

Arrivés en Malaisie depuis le Qatar, les jeunes gens comptaient se rendre en Europe via Pékin, avait indiqué Interpol. Le patron de l'organisation internationale, Ronald Noble, estimait qu'il ne s'agissait probablement pas de terroristes, mais sans doute juste des clandestins.

Adam Dolnik, professeur à l'université de Wollongong en Australie, doute de la piste terroriste. Une organisation telle qu'Al-Qaïda «aimerait beaucoup faire plonger un avion» mais pourquoi prendre pour cible un appareil de Malaysia Airlines?, s'interroge-t-il en substance. Quant aux passeports volés, ils ont un parfum d'amateurisme, selon lui. «Les terroristes ne pratiquent plus de détournements car les chances de réussites ont diminué», note l'expert, citant les difficultés d'introduire des armes dans un avion et de soumettre les passagers.

Aucune revendication n'a été émise jusqu'à présent.