Tuerie d'Aurora: James Holmes, un étudiant entre Joker et Double-Face
PORTRAIT•James Eagan Holmes, étudiant en neurosciences calme, intelligent et introverti, s'est révélé être en fait un tueur froid et méthodique, se rapprochant plus du Double-Face de Batman que du Joker à qui il a emprunté sa couleur de cheveux...Bérénice Dubuc
Comment un étudiant sans histoires, mais aussi solitaire qu’énigmatique, a-t-il pu tuer 12 personnes et en blesser 58 autres dans un cinéma d’Aurora dans le Colorado, vendredi dernier? C’est ce que s’appliquent à découvrir depuis près d’une semaine les médias et les policiers américains.
Avant la tuerie de vendredi, James Eagan Holmes, 24 ans, était en effet inconnu des services de police, si ce n’est pour une infraction routière. Originaire de San Diego, dans le sud de la Californie, James Eagan Holmes est né dans une famille aisée de la classe moyenne. Rien dans sa personnalité n'indique un comportement anormal: il est décrit comme calme, intelligent, solitaire et introverti. Son apparence -1.90m, brun aux yeux clairs- est elle aussi banale.
«Un garçon très gentil et très intelligent»
En juin 2011, il intègre l'université de Colorado Denver, sur le campus d'Aurora. Loin de sa famille, il vit une vie ordinaire dans un quartier pauvre, où il salue rarement ses voisins. Certains ont cependant indiqué à Libération avoir aperçu «une étrange lumière violette» à plusieurs reprises à travers ses fenêtres. Côté cœur aussi, James Holmes est un solitaire: il ne semble pas avoir de petite amie, mais s'était en revanche inscrit début juillet sur deux sites de rencontres peu avant la tuerie, AdultFriendFinder-«le plus grand site de rencontres sexuelles du monde»- et Match.com.
Selon TMZ, il aurait été en contact avec trois femmes, qui ont refusé des avances du jeune homme, qui «cherchait seulement à bavarder, rien de sexuel». Sur ses deux comptes, avant même la tuerie, il proposait à ses futures prétendantes de venir le voir en prison.James Holmes suit à Aurora un programme d'études en neurosciences, où il étudie notamment la schizophrénie et la dépression, et prépare un doctorat grâce à une bourse de 26.000 dollars.
Certains de ses anciens camarades l’ont décrit comme «un garçon très gentil et très intelligent», mais «un peu bizarre». La chaîne de télévision ABC a obtenu une vidéo tournée il y a six ans lors d'un stage scientifique à San Diego où Holmes, alors âgé de 18 ans, présente un exposé sur «les illusions temporelles qui permettent de modifier le passé». D’autres anciens camarades jugent qu’il était un étudiant aux notes «médiocres», plutôt têtu et qui avait du mal à accepter l'autorité.
Tueur froid et méthodique
Selon un ancien camarade de classe de l'université du Colorado, Holmes aurait «perdu contact avec la réalité» du fait d’une «obsession pour les jeux vidéos, des jeux de rôle, du genre de “World of Warcraft“». Ses résultats scolaires auraient alors commencé à décliner et, le mois dernier, il se retire de façon soudaine du programme de neurosciences après avoir été recalé à un grand oral, étape importante pour la suite de ses études.
James Holmes, étudiant au «top du top» comme l’a décrit lors d'une conférence de presse Timothy White, recteur de l'Université de Californie, semble plus proche du Double-Face de Batman que du Joker, à qui il se compare. Selon le chef de la police d'Aurora, Dan Oates, le jeune homme, froid et méthodique, semblait avoir préparé son acte depuis plusieurs mois: il s’était légalement procuré quelque 6.000 balles et quatre armes à feu, dont un fusil d’assaut, au cours des trois derniers mois.
Il a aussi tenté de s’inscrire dans un club de tir privé d’Aurora quelques semaines avant la fusillade, sans résultat, le patron de l'établissement s'inquiétant du message «bizarre, guttural, au mieux étrange» sur son répondeur téléphonique. Après la tuerie, il n'a pas mis fin à ses jours comme c'est souvent le cas des «mass murderers», mais s'est laissé arrêter sans résistance par la police, et a été placé à l'isolement au sein de la prison d'Arapahoe afin d'être protégé des autres détenus, donnant l’opportunité aux criminologues et psychologues de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête d'un forcené.