Le township de Soweto sac au dos
Il incarne à lui tout seul l'esprit de Soweto tel qu'il le décrit : un optimisme et une richesse d'esprit façonnés par la résistance à l'apartheid. Comme quatre générations de sa famille avant lui, Lebo Malepa, 31 ans, a vu le jour dans le plus célèb...©2006 20 minutes
Il incarne à lui tout seul l'esprit de Soweto tel qu'il le décrit : un optimisme et une richesse d'esprit façonnés par la résistance à l'apartheid. Comme quatre générations de sa famille avant lui, Lebo Malepa, 31 ans, a vu le jour dans le plus célèbre township d'Afrique du Sud, au sud-ouest de Johannesburg. Son père, qui fut l'un des leaders du soulèvement étudiant de Soweto contre la ségrégation raciale en 1976, voulait faire de lui un ingénieur en bâtiment. Mais Lebo a flairé un autre filon : le tourisme. « A la fin de l'apartheid, en 1994, les gens ont commencé à venir ici », se rappelle-t-il. Les 3,5 millions d'habitants réagissaient diversement face à « ces bus remplis de Blancs qui n'en descendaient que pour prendre des photos, voir la maison où est né Mandela, et repartir sans parler à personne ».
En voyant d'autres profils débarquer, des routards fauchés, Lebo a l'idée de monter une auberge de jeunesse – la seule du township – en 1997 en utilisant la maison de ses grands-parents. Parce que « pour comprendre comment les gens vivent ici, il faut y dormir ». Ses premiers clients sont des copains d'un jeune Français rencontré deux ans plus tôt. En 2003, il se professionnalise, monte un site Web*, et embauche deux employés pour entretenir les quatre chambres, inoccupées la plupart du temps. Mais, bien qu'elle figure dans le Lonely Planet et le Guide du Routard, sa petite entreprise fonctionne difficilement, et engloutit près de 5 000 rands (546 E) par mois. Alors Lebo compte sur la Coupe du monde de foot 2010, qui se tiendra en Afrique du Sud, pour lui amener plus de touristes. En attendant, avec l'aide d'enfants du township, il a transformé le terrain vague en face de son auberge en terrain de foot, et apprend quelques mots dans d'autres langues. A l'instar de ce jeune garçon qui nous salue d'un « bonjour » cordial en français. « Tout le monde dit qu'il faut être prêt avant la Coupe, quand les touristes viendront », confie Lebo. Même s'il doute que l'événement profite à la population, qui compte encore 60 % de chômeurs.
Faustine Vincent, envoyée spéciale à Soweto