Guinée Equatoriale: Référendum controversé d'Obiang, après 32 ans de pouvoir

Guinée Equatoriale: Référendum controversé d'Obiang, après 32 ans de pouvoir

© 2011 AFP

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Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis 33 ans, organise ce dimanche un référendum sur une réforme constitutionnelle, qualifiée de «mascarade» par l'opposition, qui prévoit notamment la limitation du nombre de mandats du chef de l'Etat. Les opérations de vote ont «commencé et se déroulent bien», a déclaré à l'AFP le ministre de l'Information de Guinée équatoriale Jeronimo Osa Osa Ecoro.

«Le vote a commencé et se déroule bien», a affirmé à l'AFP le ministre. La réforme constitutionnelle prévoit aussi la création de cinq organismes: Sénat, Cour des Comptes, Conseil d'Etat, Conseil pour le développement économique et social et Défenseur du peuple.

Le régime régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme

Le texte limite à deux le nombre de mandats de sept ans auxquels peut postuler le président de ce petit Etat pétrolier d'Afrique centrale, dont le régime est régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme.

Mais il ne dit pas si M. Obiang, 69 ans, arrivé au pouvoir en 1979 par un coup d'Etat, élu en 1989, réélu en 1996, 2002 et 2009, devra quitter son poste en 2016, au terme de son mandat actuel ou si la limitation n'interviendra qu'à partir de l'adoption de la réforme. Celle-ci prévoit aussi la création d'un poste de vice-président ainsi que de cinq organismes: Sénat, Cour des Comptes, Conseil d'Etat, Conseil pour le développement économique et social et Défenseur du peuple.

«C'est une avancée démocratique. Nous passons à un régime présidentialiste comme aux Etats-Unis. Le président Obiang fait des réformes pour que le pays soit mieux gouverné au niveau démocratique et économique», estime Jeronimo Osa Osa Ecoro, porte-parole du gouvernement et ministre de l'Information.

Offensives diplomatiques

Président en exercice de l'Union africaine, le président Obiang, qui dirige ce petit pays de 700.000 habitants d'une main de fer depuis 1979, tente depuis quelques années de modifier l'image de son pays, souvent qualifiée de «dictature» par les défenseurs des droits de l'Homme. La découverte de pétrole à la fin des années 1990 a permis au président Obiang d'utiliser ses pétro-dollars pour lancer de grands travaux d'infrastuctures mais aussi des offensives diplomatiques.

Le pays doit notamment organiser, avec le Gabon, la Coupe d'Afrique des nations en 2012 et a accueilli en 2011 le 17e sommet de l'Union africaine. Pour l'opposition, en revanche, la réforme n'est qu'un «mensonge» destiné «à assurer la dictature d'Obiang et sa famille pour imposer une succession familiale», estime Placido Mico, l'unique député de l'opposition à l'Assemblée (sur 100 membres).

«La majorité des sources indiquent que c'est son fils Téodorin qui est pressenti pour lui succéder», estime M. Mico, qui estime qu'Obiang «veut laisser le pouvoir à quelqu'un de sa famille avec le poste de vice-président». En octobre, Téodorin a été nommé ambassadeur adjoint à l'Unesco, qui a refusé la création d'un prix au nom du président.

Des réformes «mauvaises» et «illégales»

Dans le cadre de l'affaire «des biens mal acquis» en France sur le patrimoine de chefs d'Etats africains, Teodorin, qui bénéficie désormais de l'immunité diplomatique, s'est vu saisir fin septembre onze voitures de luxe.

En plus d'être «illégales», l'opposant estime les réformes «mauvaises». «Le Sénat, c'est pour qu'Obiang place ses collaborateurs. Le conseil d'Etat, c'est pareil. Il ne pourra être présidé que par un ancien président de la République... Combien d'ex-présidents avons-nous dans ce pays?», interroge M. Mico, rappelant que le président Obiang a fait fusiller le premier chef d'Etat du pays Francisco Macias Nguema après son coup d'Etat de 1979.

«L'opposition, continue à être victime de persécutions politiques, de marginalisation sociale et économique. Ce qui est important ce n'est pas de réformer mais de faire appliquer la loi», conclut-il. «Il y a toujours des divergences. C'est le propre de l'opposition», répond le ministre Osa Osa Ecoro. «Quand le référendum sera voté, les textes appliqués, ils verront qu'ils auront eu tort et n'auront plus rien à dire.»