Libye: Opération VRP de luxe pour Pierre Lellouche et sa délégation d'entreprises françaises
ECONOMIE – Le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur effectue ce mercredi un déplacement à Tripoli, accompagné d'entreprises françaises...Anne-Laëtitia Béraud, à Tripoli
De notre envoyée spéciale en Libye
«Contrairement aux voyages habituels où l’on balade les patrons du CAC 40, aujourd’hui, en Libye, nous emmenons pour moitié des chefs de PME.» Pour Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, son déplacement à Tripoli, ce mercredi, à la tête d’une délégation de 82 représentants d’entreprises françaises, se doit d’être différent. Il se veut d’ailleurs clair sur son but. Sa visite dans la capital libyenne, la première d’un officiel français depuis la venue du président de la République le 15 septembre dernier, n’est pas purement économique: «Nous venons nouer des contacts avec les Libyens, agir pour la coopération, même si, aujourd’hui, nous n’allons pas vraiment signer des contrats. Mais clairement, nous voulons être acteurs de la reconstruction de la Libye.»
Fragilité des représentants libyens
Le pays, encore en proie à des combats dans différents bastions kadhafistes, a les moyens de nouer et d’honorer les contrats grâce à l’argent du pétrole, même si la situation politique est encore instable. La valse des ministres du Conseil national de transition (CNT) libyen est en effet loin d’être terminée et des élections démocratiques ne se sont pas encore tenues. Mais la situation ne semble pas problématique pour Pierre Lellouche, qui souligne plutôt «la concurrence très rude» des autres nations dans la course aux contrats dans la Libye d’après-Kadhafi. Parmi les rivaux, «les Allemands, qui arrivent cet après-midi même avec 50 personnes», précise-t-il, la Grande-Bretagne, dont «le ministre de la Défense est venu il y a quelques jours», mais aussi les Italiens, qui profitent de leur mainmise sur le pétrole par l’intermédiaire de la compagnie ENI, ainsi que les Chinois ou les Turcs, dans le secteur du bâtiment.
Costumes cravates et petits cafés
La délégation française se compose donc pour moitié de grandes entreprises, et d’une autre de plus petites. Regroupées en onze «clusters» (filières), celles-ci sont chapeautées par un chef de file. Parmi les présents ce mercredi, figurent notamment Alcatel Lucent, Vinci, Soufflet, Sanofi, mais aussi la Fédération française du matériel d’incendie, l’Imprimerie nationale ou l’Institut aménagement et urbanisme Ile-de-France.
Rassemblés dans le luxueux hôtel Corinthia, ces représentants, pour la quasi-totalité des hommes aux costumes sombres et dûment cravatés, enchaînent cafés et discussions dans les couloirs pavés de marbre clair. On s’observe, on se complimente, on trouve le bon mot avant de s’échanger des cartes et des numéros de téléphone. L’ambiance est à la fois studieuse et plutôt décontractée. Et pour cause: les Français sont en terrain quasi-conquis. A l’ouverture des sessions de travail, le ministre libyen des Finances et du Pétrole, Ali Tarhouni, leur a même déroulé le tapis rouge: « La France est une amie qui nous a soutenus pendant la révolution, elle et ses représentants sont les bienvenus sur la deuxième terre de leur patrie». On ne pouvait guère faire mieux comme message d’accueil.