Russie: Comment Vladimir Poutine a renforcé son emprise sur le pays
ELECTION•Le retour attendu au Kremlin de Vladimir Poutine, renforce sa position d'homme fort de Russie au pouvoir depuis déjà plus d'une décennie, et peut-être au pouvoir jusqu'en 2024...© 2011 AFP
Le retour attendu au Kremlin de Vladimir Poutine, devenu samedi candidat officiel à la présidentielle de mars 2012, va renforcer sa position d'homme fort de Russie au pouvoir depuis déjà plus d'une décennie, et peut-être au pouvoir jusqu'en 2024.
Théoriquement, Vladimir Poutine, 58 ans, pourrait rester au Kremlin jusqu'en 2024, le mandat du prochain président étant de six ans, contre quatre actuellement, à la suite d'une réforme de la Constitution adoptée fin 2008.
Après des mois de spéculations sur les intentions du tandem à la tête de l'Etat russe, le président Dmitri Medvedev a indiqué que le Premier ministre Vladimir Poutine serait candidat à la présidentielle lors d'un congrès à Moscou du parti au pouvoir Russie unie.
Le président Medvedev, désigné pour conduire la liste de ce parti ultra-majoritaire aux législatives du 4 décembre, a déclaré qu'il était prêt à «travailler activement» au gouvernement dont il pourrait devenir Premier ministre, selon M. Poutine.
Président pendant deux mandats successifs (2000-2008), Vladimir Poutine avait désigné Dmitri Medvedev pour lui succéder au Kremlin faute de pouvoir se présenter en 2008 pour un troisième mandat consécutif, interdit par la constitution.
Mais M. Medvedev est toujours resté dans l'ombre de M. Poutine, son prédécesseur et mentor qui, selon de nombreux observateurs et experts, est le véritable homme fort de la Russie. Le retour au Kremlin de Vladimir Poutine après la présidentielle de mars ne fait guère de doute en raison de l'absence d'opposition, laminée sous son régime.
Perspectives sociale et économique
«C'est le pire scénario qui pouvait arriver à la Russie», a estimé Boris Nemtsov, un ex-vice Premier ministre de Boris Eltsine, dont le parti d'opposition Parnas ne peut présenter de candidats aux législatives, les autorités ayant refusé de l'enregistrer pour des motifs juridiques et administratifs.
«Ce qui nous attend désormais, c'est une augmentation de l'émigration, une fuite de capitaux et une augmentation gigantesque de la corruption» qui gangrène le pays, a déclaré M. Nemtsov à la radio Echo de Moscou.
Le troisième mandat de M. Poutine «va provoquer dans notre pays une crise profonde qui va durer des années», a renchéri un membre du mouvement d'opposition Solidarnost, Ilia Iachine, à Echo de Moscou.
L'ex-agent du KGB devenu dirigeant à poigne a imposé en douze ans de pouvoir un système politique sur-mesure au nom de la «stabilité» mais au détriment des libertés publiques, comme le dénoncent régulièrement les opposants et organisations de défense des droits de l'homme.
«Le personnage le plus influent revient au poste le plus puissant», constate une analyste du Centre Carnegie de Moscou, Maria Lipman. «Le tandem va rester mais les rôles vont être intervertis, Poutine devenant président et Medvedev à l'évidence chef du gouvernement», prédit le politologue Alexeï Makarine.
«Ils veulent garder la configuration actuelle pendant encore douze ans», a critiqué un membre du parti d'opposition Iabloko, dans un message sur son compte Twitter. Un autre opposant, l'ex-Premier ministre Mikhaïl Kassianov, prédit d'ores et déjà «l'effondrement» du futur gouvernement qui sera issue de la présidentielle de 2012.
Par ailleurs, le retour de M. Poutine au Kremlin pourrait s'accompagner de sérieux problèmes économiques, sociaux et politiques, estime l'économiste russe Evgueni Gontmakher, en raison d'un affaiblissement de la croissance lié aux graves difficultés dans la zone euro et aux Etats-Unis, susceptible d'entraîner une dégradation de la situation en Russie dans les prochaine années.