Boris Johnson élu maire de Londres: le «bouffon» a réussi son pied de nez
GRANDE-BRETAGNE – A 43 ans, l'ancien journaliste doit maintenant prouver qu'il est capable de gérer l'une des grandes capitales mondiales...Le conservateur Boris Johnson, un ex-journaliste de 43 ans surnommé «le bouffon» pour son humour potache et ses gaffes à répétition, a réussi son pied de nez aux travaillistes, en arrachant à Ken Livingstone la mairie de Londres.
«Formidable adversaire»
Reconnaissable à sa chevelure blond paille ébouriffée, celui que la presse a baptisé le «bouffon bafouillant» va maintenant devoir prouver qu'il est capable de gérer l'une des grandes capitales mondiales, qui se prépare à accueillir en 2012 les jeux Olympiques.
Après une série de gaffes et de révélations embarrassantes sur sa vie privée, «Boris» n'apparaissait pourtant pas comme le candidat idéal pour ravir Londres au travailliste Ken Livingstone, maire depuis 2000. Mais grâce à sa forte personnalité et sa popularité, il a réussi à s'imposer au sein du parti conservateur comme le seul candidat pouvant mettre en difficulté le maire sortant, autrefois appelé «Ken le rouge» en raison de ses anciennes sympathies trotskistes.
«Bouffon bafouillant»
Ses adversaires se sont efforcés de souligner son manque d'expérience et ils ont mis en doute sa capacité à gérer une ville au budget de 11 milliards de livres (14 milliards d'euros), qui compte parmi les grandes places financières mondiales. «Je travaillerai d'arrache-pied pour mériter votre confiance», a assuré Boris Johnson quelques minutes après la confirmation officielle de sa victoire.
En 2004, Boris Johnson a accusé les habitants de Liverpool de se complaire dans un «statut de victime» quand l'otage Ken Bigley, originaire de cette ville, a été décapité en Irak. Le chef des conservateurs d'alors, Michael Howard, l'avait contraint à aller en personne présenter ses excuses à cette ville du nord-ouest outrée par ses remarques.
«Melting-pot humain»
Porte-parole pour la culture dans le gouvernement «fantôme» des conservateurs, il a dû démissionner pour n'avoir pas dit à la direction de son parti qu'il avait eu une relation extra-conjugale. Et en 2006, quand il a comparé les luttes internes chez les Tories aux coutumes de «cannibalisme» qui auraient cours selon lui en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les diplomates de ce pays d'Océanie se sont insurgés.
Les associations antiracistes et les députés noirs de Londres ont eux en travers de la gorge ses articles où il fait référence aux noirs comme des «négrillons» avec des «sourires de pastèque». Boris Johnson rejette les critiques de ceux qui le taxent de racisme en se présentant comme «un melting pot humain».
Liaison extra-conjugale
Son arrière grand-père a été brièvement ministre de l'Intérieur de l'Empire ottoman et il revendique des racines allemandes, russes et françaises. Mais c'est avec l'élite britannique qu'il a fait ses études au collège très huppé d'Eton. Il a ensuite étudié les lettres classiques à Oxford aux côtés de David Cameron, aujourd'hui leader du parti Conservateur. C'est dans une circonscription très convervatrice de la région d'Oxford, à Henley, que Boris Johnson a réussi à se faire élire député en 2001.
Une carrière dans le journalisme l'avait auparavant mené au quotidien de droite «Daily Telegraph», puis il est devenu rédacteur en chef au Spectator, un hebdomadaire également conservateur.
Malgré plusieurs passes difficiles dans sa carrière politique, il a toujours réussi à rebondir, misant sur sa bonhomie et ses traits d'humour, qui en ont fait une coqueluche des médias. Même Ken Livingstone, qui briguait un troisième mandat à la tête de la capitale britannique, avait reconnu en «Boris» un opposant sérieux. C'est «l'adversaire le plus formidable que j'aurai rencontré dans ma carrière politique», avait-il admis.