Arabie saoudite: Plus de 200 personnes arrêtées dans la purge anticorruption
ENQUETE•Cette annonce intervient sur fond de réformes choc dans le royaume ultraconservateur sous l’impulsion du jeune prince héritier Mohamed ben Salmane…20 Minutes avec AFP
C’est une purge anticorruption sans précédent. Plus de 200 personnes ont été arrêtées en Arabie saoudite, parmi lesquelles des princes, ministres et hommes d’affaires, ont indiqué jeudi les autorités saoudiennes.
Cette annonce intervient sur fond de réformes choc dans le royaume ultraconservateur sous l’impulsion du jeune prince héritier Mohamed ben Salmane. Elle survient aussi dans un climat de plus en plus tendu avec l’Iran et après la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri (proche de Ryad), un an après avoir formé un gouvernement avec le Hezbollah pro-iranien.
Des sommes qui atteignent 100 milliards de dollars
« Un total de 208 personnes ont été convoquées pour interrogatoire jusqu’à présent. Sur ces 208 personnes, sept ont été relâchées sans être inculpées. L’ampleur potentielle des actes de corruption révélés est très grande », a indiqué le procureur général du royaume dans un communiqué.
Les sommes concernées par ces malversations atteignent 100 milliards de dollars (86,1 milliards d’euros) « sur quelques dizaines d’années », selon la même source, qui parle d’une enquête sur trois ans.
Des princes, parmi lesquels le célèbre milliardaire Al-Walid ben Talal, des ministres ainsi que des hommes d’affaires ont été appréhendés samedi soir lors d’une opération coup de poing qui fait suite à la mise en place d’une nouvelle commission anticorruption présidée par le prince héritier, dont l’emprise sur le pouvoir est croissante. Les autorités ont gelé les comptes bancaires des suspects et prévenu que tout actif qui serait lié à des affaires de corruption serait saisi au profit de l’Etat.
Raisons politiques ?
Les personnalités arrêtées [et détenues dans un lieu non précisé par les autorités] vont être jugées devant un tribunal, a indiqué lundi le procureur général.
Mais cette vague d’arrestations pourrait aussi faire partie d’une lutte pour le pouvoir, a souligné mercredi Human Rights Watch (HRW). Elle intervient en tout cas au moment où Mohammed ben Salmane consolide son pouvoir et tente d’introduire des réformes économiques et sociales inédites.
Contrôlant les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l’économie, le jeune prince héritier semble chercher à étouffer les contestations internes avant tout transfert formel du pouvoir par son père, le roi Salmane, âgé de 81 ans.