Trump, un an après: «Les autres pays ne savent plus où se situe l’Amérique sur les dossiers les plus importants»
GEOPOLITIQUE•Impulsif et imprévisible, le président américain secoue la diplomatie et les alliances internationales…Philippe Berry
L'essentiel
- Le 8 novembre 2016, Donald Trump était élu président des Etats-Unis, face à Hillary Clinton.
- La Corée du Nord, la Russie, la Syrie… Sur la scène internationale, Donald Trump n’en finit plus de faire des remous.
De notre correspondant aux Etats-Unis,
C’était il y a un an, presque jour pour jour. Le séisme Donald Trump terrassait Hillary Clinton. Et si le monde ne s’est pas écroulé, des répliques se font régulièrement sentir sur la scène internationale, notamment dans la péninsule coréenne, où le président américain est en visite. Invitant Pyongyang « à venir à la table des négociations pour obtenir un accord », il a tenté de calmer le jeu, mardi, après des mois d’escalade.
« Le feu et la furie »
Le plus souvent, les présidents américains ont adopté la doctrine diplomatique de Teddy Roosevelt : « Parle doucement mais porte un gros bâton. » Barack Obama préférait « la patience stratégique ». Donald Trump, lui, hurle sur Twitter, promet « le feu et la furie » à Pyongyang avec des missiles américains « chargés et armés ». Et, à la tribune de l’ONU, menace de « détruire totalement la Corée du Nord » en cas d’attaque. Sans compter les insultes de bac à sable échangées avec Kim « Rocket-Man » Jong-un.
« Au cours de sa carrière, Donald Trump n’a jamais rencontré quelqu’un qu’il n’ait pas réussi à intimider. Il est persuadé qu’il arrivera à forcer la main de Kim Jong-un », estime sa biographe Gwenda Blair. Mais selon Van Jackson, expert de la région au Centre pour les études sur la sécurité Asie-Pacifique, le discours de Donald Trump à l’ONU en septembre dernier « était dangereux car il a acculé » le leader nord-coréen, exposant le monde « au risque d’une riposte violente ».
Un président « imprévisible »
Pour un candidat qui avait critiqué l’interventionnisme américain et fait campagne sur des thèmes isolationnistes, la colombe Trump tient davantage du faucon. Il a fait pleuvoir des missiles Tomahawk sur la Syrie après l’attaque chimique du printemps dernier et a largué « la mère de toutes les bombes » sur des positions de Daesh en Afghanistan.
« Sa politique étrangère est plus chaotique qu’attendu », estime David Victor, professeur de géopolitique à l’université de Californie de San Diego. Le président américain a pris ses distances avec l’Europe pour se rapprocher du Japon et de la Chine. Il a claqué la porte de l’accord de Paris sur le climat mais « il n’a pas basculé dans un véritable protectionnisme », en réaffirmant notamment son soutien à l’Otan. Selon l’enseignant, la doctrine Trump est « imprévisible ». « Les autres pays ne savent plus où se situe l’Amérique sur les dossiers les plus importants. Cela fait des Etats-Unis un partenaire beaucoup moins fiable. Le monde est devenu plus dangereux. »