Attentat de Las Vegas: Les gros doutes sur la revendication de Daesh
ETATS-UNIS•Selon le FBI, il n’y a, à ce stade, « aucun lien » entre le tireur et l’organisation djihadiste…Philippe Berry
«Le mal absolu ». C’est ainsi que Donald Trump a qualifié la pire fusillade de l’histoire américaine, qui a fait au moins 58 morts et plus de 500 blessés à un concert de musique country, dimanche soir à Las Vegas. Mais alors que Daesh a revendiqué l’action d’un de ses « soldats », lundi, le FBI et de nombreux experts ne sont pas convaincus. « Aucun lien n’a été établi à ce stade avec un groupe terroriste international », a indiqué un porte-parole du bureau fédéral.
Un profil surprenant
Un retraité blanc de 64 ans originaire du Nevada qui aime la tequila, les burritos et les casinos. Le profil du suspect, Stephen Paddock, ne correspond pas vraiment à celui « d’un soldat du Califat ». Il se rendait régulièrement à Las Vegas pour boire et jouer, selon NBC. Ces dernières semaines, Paddock avait effectué des transactions dépassant « plusieurs dizaines de milliers de dollars ». Il pourrait s’agir de dettes de jeu ou de gains, selon la chaîne.
Son frère pas au courant d’une conversion à l’islam
Face aux doutes, Amaq, l’organe de propagande de Daesh, a publié une seconde déclaration affirmant que le suspect s’était converti à l’islam il y a plusieurs mois. Dans un troisième communiqué plus détaillé, Daesh lui donne un nom de guerre, «Abou Abd al-Barr al-Amriki». L'organisation affirme qu'il a répondu au dernier appel de de son chef Abou Bakr al-Baghdadi et qu'il a fait un repérage «précis» des lieux.
Si Stephen Paddock s’est converti, sa famille n’était pas au courant. « Horrifié et sous le choc », Eric Paddock a affirmé devant les caméras que son frère n’avait « aucune affiliation religieuse ou politique » et devait avoir « pété un plomb ».
Un suicide qui « dénote » dans le mode opératoire de Daesh
Selon les autorités, Stephen Paddock s’est suicidé avant que la police n’arrive dans sa chambre du Mandalay Bay. « Cela dénote complètement du mode opératoire d’un terroriste vouant allégeance à » Daesh, a estimé sur France 24 Wassim Nasr, journaliste expert du djihadisme.
Daesh « désespéré »
Par le passé, l’organisation djihadiste ne s’attribuait pas des attaques dont elle n’était pas responsable. Mais Daesh a parfois attendu que des informations filtrent dans les médias, comme lors de la fusillade de la boîte de nuit Pulse à Orlando. Et ces derniers mois, le groupe a exagéré les faits, notamment à Barcelone et dans le métro londonien. Lors de l’attaque dans un casino de Manille, le 2 juin, les autorités philippines ont même rejeté sa revendication, parlant d’un cambriolage. Dans le cas de Las Vegas, il est possible que la rhétorique du groupe ait pu séduire un déséquilibré mais Daesh « a besoin de fournir des preuves », estime Rita Katz, directrice du groupe de surveillance des milieux extrémistes SITE. Sous peine d’avoir l’air « désespéré » en étant prêt à revendiquer n’importe quelle attaque.