Jérusalem: Pourquoi l’esplanade des Mosquées fait craindre une nouvelle vague de tensions
RELIGION•Considéré comme un lieu saint autant par les musulmans que par les juifs, ce site de Jérusalem est le théâtre de combats qui ont fait 13 morts depuis le 14 juillet…V.V. avec AFP
L'essentiel
- Depuis le 14 juillet, les Israéliens ont installé des détecteurs de métaux aux entrées du site.
- Les Palestiniens ont décidé de boycotter le site et de prier au dehors, entraînant de violentes manifestations.
- Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de se réunir en urgence ce lundi.
C’est un rectangle de terre d’à peine 500 mètres sur 300. Mais il pourrait, à nouveau, embraser tout le Proche-Orient. L’esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem, concentre les regards de la communauté internationale après un regain de tension qui a causé la mort de cinq Palestiniens et trois Israéliens durant le week-end.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de se réunir, en urgence ce lundi, pour discuter de la situation et tenter d’enclencher une désescalade que le pape François appelle aussi de ses vœux. En parallèle, les Etats-Unis ont annoncé avoir envoyé sur place le représentant spécial du président Trump pour les négociations internationales. 20 Minutes fait le point sur cette crise…
- Quel élément a déclenché cette nouvelle crise à Jérusalem ?
Tout a débuté le 14 juillet par une attaque à l’arme à feu qui a coûté la vie à deux policiers israéliens aux abords du site. Pour éviter que cela ne se reproduise, les autorités israéliennes ont installé des détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade.
N’acceptant pas ces nouvelles mesures de sécurité, les Palestiniens ont choisi de boycotter le site et de prier en dehors, entraînant des violences quasi quotidiennes entre les manifestants. Les échauffourées ont culminé vendredi, après la grande prière hebdomadaire des musulmans, avec la mort de trois Palestiniens et d’autant d’Israéliens. Samedi, deux autres Palestiniens sont morts dans des heurts.
- Pourquoi ce lieu concentre-t-il toutes les tensions ?
Il s’agit d’un bout de terre sainte pour tous. Les Israéliens considèrent qu’il s’agit du lieu le plus saint du judaïsme. Ils l’appellent le mont du Temple et en contrôlent les accès. De leur côté, les musulmans estiment qu’il s’agit, après La Mecque et Médine, du troisième lieu saint de l’islam qu’ils appellent aussi « noble sanctuaire ». Selon leur tradition, c’est de là que Mahomet se serait élevé dans le ciel lors de son voyage nocturne.
Avec l’installation de portiques de sécurité, les Palestiniens craignent qu’Israël ne cherche à remettre en cause le statu quo en vigueur depuis plusieurs décennies. Si Israël contrôle les accès aux sites, les juifs ne peuvent y pénétrer qu’à certaines heures et n’ont pas le droit d’y prier. A l’inverse, les musulmans peuvent y accéder à toute heure.
- Comment les autorités des deux communautés ont-elles réagi à cette crise ?
A la suite des tensions, le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé vendredi, le gel des contacts avec Israël. « Ils [les Israéliens] seront les grands perdants, car nous jouons un rôle important pour assurer notre sécurité et la leur, a-t-il déclaré. Si Israël souhaite la reprise de la coopération sécuritaire, il doit revenir sur sa décision [d’installer des détecteurs de métaux] », a-t-il déclaré.
De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a réuni son cabinet de sécurité, dimanche soir, afin d’évaluer la situation. Les autorités israéliennes assurent, par ailleurs, qu’elles n’ont pas l’intention de modifier les règles tacites qui permettent aux musulmans d’accéder au site.
- Pourquoi peut-on craindre que la situation ne dégénère ?
C’est ce qu’il s’est quasiment toujours produit par le passé. L’esplanade des Mosquées est au cœur du conflit israélien depuis le début de l’occupation israélienne de Jérusalem-Est, il y a cinq décennies.
En septembre 2000, la visite sur ce site du leader de l’opposition de l’époque, Ariel Sharon, avait été un facteur déclenchant la seconde intifada, soulèvement palestinien contre l’occupation israélienne, qui avait duré plus de quatre ans et causé la mort de plus de 4 000 personnes.
En septembre 2015, des affrontements avaient aussi eu lieu autour du lieu saint pendant plusieurs jours. Une vague de violences, principalement des attaques au couteau menées par des Palestiniens contre des Israéliens, avait débuté dans la foulée.