Philippe Berry
Est-ce le fameux « smoking gun », l’arme du crime prouvant qu’il y a eu collusion entre la Russie et la campagne de Donald Trump ? Il est trop tôt pour l’affirmer. Mais les emails publiés par Donald Trump Jr, mardi, sous la pression d’une série d’articles du New York Times, relancent la polémique. Ils montrent qu’en pleine campagne, le fils du candidat a accepté de rencontrer une avocate russe promettant des informations « compromettantes » sur Hillary Clinton obtenues dans le cadre « du soutien de la Russie et de son gouvernement à Mr Trump ». Alors que des démocrates commencent à utiliser le mot « trahison », retour sur les nouveaux protagonistes de l’affaire.
Donald Trump Jr, le fiston
Moins en vue que sa sœur Ivanka ou son beau-frère Jared Kushner, Donald Trump Jr a passé les 18 mois de la campagne aux côtés de son père. En juin 2016, il converse par email avec un intermédiaire puis rencontre une avocate russe promettant « des informations compromettantes sur Hillary Clinton » obtenues « dans le cadre du soutien de la Russie et de son gouvernement à Mr Trump ». Réponse de Donald Trump Jr : « Si c’est bien ce que vous dites, j’adore, particulièrement plus tard cet été. »
Natalia Veselnitskaya, l’avocate proche du Kremlin
Moscou dit n’avoir « jamais entendu parler » d’elle. Mais cette avocate russe a représenté des entreprises liées au Kremlin et a épousé un ancien ministre adjoint du gouvernement de Vladimir Poutine, selon le Times. Dans une interview accordée à NBC, mardi, Veselnitskaya a nié avoir proposé des informations compromettantes sur Hillary Clinton, estimant que Donald Trump Jr, ou l’intermédiaire, avaient mal compris. Elle maintient que le rendez-vous a été organisé pour discuter d’une loi sur l’adoption des enfants russes.
Rob Goldstone, l’intermédiaire
Ancien journaliste de la presse tabloïd reconverti en agent, ce Britannique a notamment travaillé pour Michael Jackson. Il représente surtout la popstar russe Emin Agalarov, fils du milliardaire Aras Agalarov, un proche de Poutine. C’est Goldstone qui a contacté Donald Trump Jr en juin 2016 en promettant des informations « compromettantes » sur Clinton.
Emin et Aras Agalarov, la popstar et le milliardaire
En 2012, Emin Agalarov interprète le titre Never Enough lors de l’Eurovision, en Azerbaïdjan, où il est né. Avec son père Aras, un milliardaire à qui Poutine a accordé de nombreux chantiers, Agalarov rend visite à Donald Trump à Las Vegas. Dans le cadre d’un partenariat, le concours de Miss Univers, propriété de la Trump Organisation, se tient à Moscou en 2013.
On retrouve même Trump en guest dans le clip de la chanson Another Life.
Dans la foulée, les deux familles scellent un accord pour bâtir une Trump Tower en Russie, selon Yahoo News, un projet supervisé par Donald Trump Jr. Avec les sanctions imposées à la Russie puis la candidature de Donald Trump à la présidentielle, le projet est finalement abandonné.
Toute contribution étrangère à une campagne est interdite
C’est le cœur de l’affaire. Si la collusion n’est directement un délit, une campagne politique n’a pas le droit de recevoir de contributions étrangères, que ce soit de l’argent ou de l’information. Et Donald Trump Jr a accepté ce rendez-vous après un email très explicite de Goldstone : « Le procureur général de Russie a rencontré Aras et offert de fournir à la campagne de Trump des documents officiels et des informations compromettantes sur Hillary Clinton qui seraient très utiles à votre père. Il s’agit d’informations très sensibles qui font partie du soutien de la Russie et de son gouvernement à Mr Trump. » « Je n’ai JAMAIS vu ça, n’importe quelle autre campagne aurait contacté le FBI », estime l’ancien conseiller d’Obama sur l’éthique, Norm Eisen.