Royaume-UniL'accord potentiel entre Theresa May et le DUP suscite l'inquiétude

Theresa May toujours à la recherche d'une majorité après son revers aux législatives

Royaume-UniAnnoncé précipitamment, l’accord entre les Tories et les ultra-conservateurs nord-irlandais, qui donnerait une majorité à la première ministre britannique, n'est pas signé qu'il est déjà largement commenté…
Laurent Bainier

L.B. avec AFP

Des discussions « positives » mais pas encore d’accord et pourtant la polémique enfle déjà. Si l'accord annoncé précipitamment samedi par Downing Street entre les conservateurs au pouvoir au Royaume-Uni et le parti nord-irlandais DUP n’a encore été trouvé, beaucoup d'observateurs s'inquiètent déjà de l'impact d'une telle alliance sur la politique britannique.

Le Premier ministre irlandais Enda Kenny s'est ainsi dit «préoccupé» dimanche par la perspective d'un accord entre le parti nord-irlandais DUP et les conservateurs de la Première ministre britannique Theresa May, qui représenterait «un défi» pour le processus de paix en Irlande du Nord.

Dans une conversation téléphonique avec Mme May, le chef du gouvernement irlandais «a fait part de sa préoccupation sur le fait que rien ne doit remettre en cause l'Accord du Vendredi saint» et du «défi que représenterait un accord» entre le DUP et les Tories britanniques, a indiqué un porte-parole d'Enda Kenny dans un communiqué.

Tandis que la Première ministre britannique, Theresa May, continue à batailler pour trouver une majorité après son revers aux législatives, la presse s'intéresse de plus près à l'impact d'une alliance entre DUP et tories.

Ultra-conservateur

« Discréditée, humiliée, diminuée. Theresa May a perdu sa crédibilité et son influence dans son parti, dans son pays et en Europe », tranche dimanche l’hebdomadaire The Observer.

L’accord avec le petit parti protestant ultra-conservateur est donc plus que jamais important. « Les discussions ont été positives jusque-là. Elles continueront la semaine prochaine pour peaufiner les détails et trouver un accord », a indiqué le DUP, dont les dix élus permettraient aux Tories (318 députés) d’atteindre les 326 sièges requis pour avoir la majorité absolue.

Une alliance qui fait grincer

Mais cette alliance potentielle fait lever des sourcils, notamment à cause du conservatisme du parti nord-irlandais, opposé au mariage des homosexuels et à l’avortement. Une pétition dénonçant « une tentative désespérée et choquante pour rester au pouvoir » a déjà recueilli 600.000 signatures.

Au sein même du parti tory, Ruth Davidson, à la tête des conservateurs écossais, a posé ses conditions. « J’ai demandé à Theresa May l’assurance catégorique qu’en cas d’accord avec le DUP les droits de la communauté LGBT continuent à être respectés dans le reste du Royaume-Uni », a prévenu celle qui a prévu de se marier prochainement avec sa compagne irlandaise.

La dépendance vis-à-vis du DUP pose également la question de la neutralité du gouvernement britannique en Irlande du Nord, une région toujours soumise à de fortes tensions, vingt ans après la fin des « Troubles ».