VIDEO. Législatives: Brexit et sécurité au cœur des préoccupations des Britanniques à l’heure du vote
REPORTAGE•Les résultats des législatives anticipées sont attendus vendredi matin en Grande-Bretagne…Clémence Apetogbor
De notre envoyée spéciale à Londres,
Près de 47 millions de Britanniques sont appelés aux urnes ce jeudi pour « faire la différence » et voter pour leur avenir. Au moment de jeter ses dernières forces dans la bataille, la Première ministre conservatrice Theresa May a affirmé mercredi à ses supporters que le Brexit « était le point de départ de toutes les autres mesures » tandis que son adversaire travailliste Jeremy Corbyn, depuis Glasgow, appelait les électeurs à choisir « l’espoir plutôt que la peur ».
A la sortie du bureau de vote situé tout près du Parlement, Cody, étudiante de 19 ans et sa mère Mel ont choisi. « On vient juste d’aller voter », lancent-elles avant de s’arrêter quelques instants pour évoquer le scrutin. Pour ces deux amoureuses de l’Europe opposées au Brexit - et comme le prédisent les bookmakers - la Première ministre Theresa May semble malgré tout bien partie pour l’emporter.
La question de la sécurité artisane de la victoire de May ?
Même si elles affirment que les attentats n’ont rien changé à leur vote et rappellent que les attaques « n’arrêteront jamais Londres », elles estiment que la sécurité aura été l’un des enjeux fondamentaux du vote et pourrait expliquer la victoire de la conservatrice.
« Pour bon nombre de personnes, le terrorisme est l’une des questions fondamentales qu’aura à traiter ce nouveau Parlement. Ces attaques ont eu lieu près de chez nous, nous ont touchés donc je pense que les gens iront voter massivement pour faire entendre leur avis à ce sujet, résume Cody. La sécurité est quelque chose d’important, le Brexit passe après. D’ailleurs concernant le Brexit, nous ne savons pas vraiment ce qui va se passer ».
« Les Conservateurs ont sous-estimé Corbyn »
William, à l’inverse, reconnait que c’est la question de l’économie qui a motivé son vote : sans enthousiasme, ce sera Theresa May. « Sans une économie forte, il n’est pas possible d’avoir un meilleur niveau de vie sans que le gouvernement n’emprunte encore plus d’argent. La sécurité est un facteur moins déterminant puisque les atrocités terroristes continueront de se produire sans tenir compte du gouvernement. Mais si je devais choisir le meilleur camp sur cet aspect-là, je choisirais May. J’espère que May l’emportera mais je ne suis pas particulièrement emballé par le scrutin. Aucun des candidats n’était particulièrement le bon, mais la victoire de l’un d’eux (Corbyn), serait une catastrophe. »
Dominic, lui, croit toujours fermement en la victoire de Jeremy Corbyn. « J’adorerais voir Jeremy Corbyn élu Premier ministre. C’est la première fois de ma vie que j’ai la possibilité de voter pour un vrai candidat de gauche, différent du consensus centriste qu’on a pu voir auparavant. Tony Blair et David Cameron étaient sensiblement les mêmes, et menaient des politiques similaires. »
Ce trentenaire, qui travaille pour une organisation non gouvernementale, estime qu'« il y a quatre semaines, personne ne croyait aux chances des Travaillistes. Le parti était bas dans les sondages et Corbyn était perçu comme un gars sympa mais pas assez fort pour diriger le pays. Mais une campagne efficace de sa part et une campagne ratée du côté des Conservateurs ont changé la donne. Jeremy Corbyn est un militant chevronné, qui va à la rencontre des gens dans les rues pour les convaincre. De ce point de vue, les Conservateurs l’ont sous-estimé », analyse Dominic, qui vote à Tottenham, dans le nord de la capitale britannique.
aLe scrutin entre les mains des plus jeunes ?
Si la Première ministre a perdu près de 20 points sur ses opposants travaillistes depuis avril, c’est parce qu’elle « manque de charisme, n’a pas de personnalité et est incapable de débattre avec ses opposants », souligne Dominic. Le jeune homme va plus loin en estimant qu’une victoire sans majorité de la Première ministre serait une défaite, et pourrait compliquer davantage les négociations sur le Brexit.
Mais pour lui, la clé du scrutin est entre les mains des plus jeunes. « La vraie question aujourd’hui est de savoir dans quelle mesure les jeunes vont se mobiliser et aller voter. S’ils votent plus massivement qu’auparavant, il y a une chance pour que Corbyn soit le prochain Premier ministre. J’espère que le résultat du référendum sur le Brexit a permis aux jeunes de comprendre que d’importantes décisions pouvaient être prises sans tenir compte de leur avis. »
Un avis que ne partage pas William. « Une petite partie des jeunes qui voteront ne sont pas d’accord avec le Brexit. Mais il est important de faire la différence entre un vote populiste pro Brexit ou pro Trump et une élection opposant les Travaillistes et les Conservateurs. »