HOMMAGEMort de Castro : Les Cubains rendent un hommage ému à leur « Comandante »

Mort de Fidel Castro : Les Cubains rendent un hommage ému à leur « Comandante »

HOMMAGEIl est décédé vendredi à l’âge de 90 ans…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Des centaines de milliers de Cubains ont défilé ce lundi place de la Révolution à La Havane, théâtre d’innombrables discours fleuve de Fidel Castro, devant des portraits de cette figure du XXe siècle décédée vendredi à 90 ans.

Des centaines de milliers de Cubains ont défilé dans le calme et avec émotion lundi place de la Révolution à La Havane après le décès de Fidel Castro
Des centaines de milliers de Cubains ont défilé dans le calme et avec émotion lundi place de la Révolution à La Havane après le décès de Fidel Castro - RONALDO SCHEMIDT / AFP

Après être restés plutôt chez eux pendant deux jours, les Cubains laissent parler leur émotion pour ce premier temps fort d’une semaine d’hommage au père de la Révolution cubaine.

Un « commandant passé à l’immortalité »

Celle-ci culminera avec des funérailles dimanche à Santiago de Cuba (est) de l’ex-président dont le style et les coups d’éclat ont marqué la guerre froide et forgé le destin de son pays.

Des portraits de Fidel Castro, figure du XXe siècle, s'affichent à La Havane
Des portraits de Fidel Castro, figure du XXe siècle, s'affichent à La Havane - ALFREDO ESTRELLA / AFP

« Nous savons que notre commandant est passé à l’immortalité », assure, très ému, Pedro Alvarez, professeur d’université de 36 ans. Il est venu défiler devant un des trois portraits en noir et blanc de Fidel installés sur cette vaste esplanade où a souvent résonné sa voix lors de ses tonitruants et interminables discours. Contrairement à ce qui était attendu, l’urne contenant les cendres de l’ex-président n’était pas présentée au public qui défilait dans le calme et à un rythme soutenu sans marquer de pose devant les photos.

Hommage et larmes

Certains immortalisent l’événement avec leurs téléphones portables, beaucoup ont les larmes aux yeux. Secoué, Alberto Gonzalez, médecin de 63 ans en blouse blanche, pensait que les cendres du Lider Maximo seraient exposées. « Mais ce n’est pas l’essentiel, le plus important, c’est être ici et lui rendre un hommage. »

Les Cubains laissent parler leurs émotions au surlendemain de la disparition de Fidel Castro
Les Cubains laissent parler leurs émotions au surlendemain de la disparition de Fidel Castro - ADALBERTO ROQUE / AFP

Les photos représentent Fidel en pied et de profil, sac au dos et casquette vissée sur la tête, scrutant l’horizon à l’époque où il menait dans les montagnes de la Sierra Maestra (est) la guérilla qui l’a porté au pouvoir en 1959. « Je suis arrivée à 18 h 00 hier (dimanche), je n’ai pas de mots », confie Josefina Vayan Bravo, femme de ménage de 44 ans, avant d’éclater en sanglots. « Il n’y en aura pas d’autre comme lui », abonde aussi en larmes Teresa Oquendo, 84 ans.

« Père » des Cubains

« C’est le père de tous les Cubains, mon papa était mon papa, mais il n’a pas pu me donner ce que (Fidel) m’a donné. Il m’a tout donné, la liberté, la dignité », renchérit Lourdes Rivera, fonctionnaire retraitée de 66 ans, assise sur le trottoir avec son bouquet de glaïeuls.

Ecoliers, militaires, vétérans, médecins et infirmiers, douaniers, beaucoup portent l’uniforme. Alentour, une discrète présence policière est visible.

Le coup d’envoi des cérémonies a été donné par une salve de 21 coups de canon du fort de La Cabaña, qui surplombe la baie de La Havane.

Luis Modesto Garcia, 77 ans, fait partie des derniers survivants de la guérilla qui porta les castristes au pouvoir en 1959. Il avait rejoint les « barbudos » de Fidel dans les montagnes à 19 ans.

« Fidel fut un père pour tous les combattants, et nous l’avons toujours considéré ainsi. Ce que j’ai appris, je le lui dois », dit-il.

Des dissidents discrets

En vertu du deuil national décrété pour neuf jours, de vendredi à dimanche, les rassemblements et spectacles ont été annulés, les matchs de baseball suspendus, les discothèques fermées et la vente d’alcool interdite. Après deux jours d’hommage dans la capitale, les cendres de Fidel Castro seront transférées de La Havane à Santiago, lors d’une procession sur un millier de kilomètres de mercredi à samedi. Ces festivités laissent froids la plupart des dissidents. Ils ont décidé de rester discrets pendant ces neuf jours de deuil, par respect mais aussi par crainte de cinglantes représailles.

« On va rester tranquille, même si (Fidel Castro) est le principal responsable de la misère et de l’absence de droits politiques à Cuba », explique Jose Daniel Ferrer, dissident « historique » et ex-prisonnier politique. Passé le deuil, les dissidents assurent qu’ils reprendront leur lutte contre le régime de Raul Castro. « Nous allons continuer à combattre le système que (Fidel) a créé. C’est cela, notre véritable ennemi », assure Jose Daniel Ferrer.