Opération turque contre Daesh et les milices kurdes à la frontière turquo-syrienne
TURQUIE•Cette opération vise également à « renforcer la sécurité de la frontière et à préserver l’intégrité territoriale de la Syrie »...20 Minutes avec AFP
Une dizaine de chars turcs sont entrés en territoire syrien et tiraient en direction de positions tenues par l’organisation de l’Etat islamique de la ville syrienne de Jarablos, frontalière de la Turquie, a constaté mercredi matin un photographe de l’AFP.
Ce mercredi matin, le Premier ministre turc a annoncé que l’armée, soutenue par les forces de la coalition internationale antidjihadiste, avait lancé avant l’aube l’opération « Bouclier de l’Euphrate », avec des avions de combat et ses forces spéciales pour chasser Daesh.
Les milices kurdes également visées
« Les forces armées turques et les forces aériennes de la coalition internationale ont lancé une opération militaire visant à nettoyer le district de Jarablos de la province d’Alep de l’organisation terroriste Daesh », selon un communiqué du bureau.
L’opération aussi les milices kurdes avec pour but de « mettre un terme » aux problèmes à la frontière turque, a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan.
« Depuis 04h00 (01h00 GMT), nos forces ont lancé une opération contre les groupes terroristes de Daesh et du PYD (Parti de l’Union démocratique, kurde) », a précisé Erdogan dans un discours à Ankara.
Jarablos, dernier point de passage contrôlé par l’EI à la frontière turco-syrienne
L’agence de presse progouvernementale Anadolu a elle précisé que l’opération avait pour but également de « renforcer la sécurité de la frontière et de préserver l’intégrité territoriale de la Syrie ».
Tard mardi, la Turquie s’était dite prête à soutenir une opération pour chasser Daesh de Jarablos après avoir reçu des tirs de mortiers et des roquettes sur son sol, à Karkamis et sur la ville frontalière turque de Kilis, plus à l’ouest, auxquels elle avait répliqué.
Au même moment, des centaines de rebelles syriens soutenus par Ankara se préparaient du côté turc à une offensive pour capturer Jarablos, le dernier point de passage contrôlé par l’EI à la frontière turco-syrienne, selon des sources rebelles et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Cette opération est motivée par la volonté d’Ankara d’empêcher la prise de contrôle par les milices kurdes de cette localité et d'« ouvrir un corridor pour les rebelles modérés », a souligné un responsable turc.
L’Allemagne apporte son soutien
Après avoir souligné que la dimension anti-EI de l’opération turque était « à l’unisson des objectifs et intentions de la coalition anti-EI », le porte-parole de la diplomatie allemande a dit « respecter » la décision d’Ankara de porter le combat contre les groupes Kurdes en Syrie, pourtant alliés des Occidentaux dans le conflit syrien.
« La Turquie, à tort ou a raison, considère qu’il y a des liens entre, du côté turc, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), que nous considérons aussi comme une organisation terroriste, et au moins une partie des Kurdes du côté syrien. Nous respectons cela, et nous considérons que c’est le droit légitime de la Turquie d’agir contre ces activités terroristes. Nous soutenons la Turquie sur ce point », a dit le porte-parole, Martin Schäfer, lors d’une conférence de presse régulière.
Washington aussi
Un responsable américain, sous couvert d’anonymat, a déclaré que le soutien américain a pris la forme de partage de renseignements, de surveillance et de reconnaissance et de participation de conseillers militaires américains. Elle pourrait prendre la forme de soutien aérien au sol si le besoin s’en fait sentir, a expliqué ce responsable, qui voyage avec le vice-président américain Joe Biden, arrivé en Turquie mercredi.
« Nous voulons aider les Turcs à débarrasser la frontière de l’EI », a expliqué ce responsable. Il a souligné que les Etats-Unis avaient des conseillers au sein même de la cellule de planification de l’offensive turque.
Il a également assuré que les Etats-Unis avaient clairement signifié aux forces rebelles syriennes, qu’ils soutiennent, de ne pas avancer plus au nord.
Damas condamne
Le régime syrien « condamne le franchissement de la frontière turco-syrienne par des chars et des blindés turcs en direction de la ville de Jarablos avec une couverture aérienne de la coalition menée par Washington, et considère qu’il s’agit d’une violation flagrante de sa souveraineté », selon le communiqué de Damas.
« La Syrie réclame la fin de cette agression », précise le texte.