MONDELes sept points communs entre Poutine et Erdogan

Les sept points communs entre Poutine et Erdogan

MONDEExercice du pouvoir sans partage, culte de la personnalité ou encore purges sans précédents, les présidents russe et turc ont de nombreux points communs...
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

On oublie tout et on recommence. Après des mois de froid entre Moscou et Ankara, le président turc Erdogan est en Russie pour une « nouvelle étape » dans les relations de son pays avec Poutine. Finie la brouille causée par l’avion russe abattu par l’armée turque, les deux hommes regardent désormais dans la même direction pour mieux « réanimer la coopération économique » russo-turque. Et si sur le papier, de nombreux dossiers opposent toujours Poutine et Erdogan, les deux présidents partagent néanmoins de nombreux points communs.

1. L’ivresse du pouvoir et un discours bien rodé

Une fois arrivés aux sommets, Poutine et Erdogan ont très vite été emportés par l’ivresse du pouvoir, qu’ils n’ont plus voulu lâcher. Chacun a repatouillé la Constitution de son pays pour alterner mandats présidentiels et fonctions de Premier ministre, prenant soin à chaque fois de rééquilibrer la balance des pouvoirs en fonction. Premier ministre de 2003 à 2014 et président de la Turquie depuis lors, Erdogan pratique un exercice du pouvoir sans partage, et nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour dénoncer sa dérive autoritaire. Scénario similaire pour Poutine qui, après sa nomination à la tête du gouvernement en 1999 et l’exercice de deux mandats présidentiels (le maximum prévu par la loi), s’est arrangé pour retourner à la tête du gouvernement. Pour mieux récupérer la présidence du pays en 2012.

Peu ouverts à la critique, Erdogan et Poutine partagent aussi une même rhétorique selon laquelle s’attaquer à eux, c’est s’attaquer au pays entier. Un discours bien rodé largement utilisé par les deux hommes, qui ont chacun été soupçonnés d’avoir truqué les élections présidentielles pour assurer leur victoire dans les scrutins.

2. Un goût peu prononcé pour les droits de l’homme

Liberté de la presse, liberté de manifester ou encore droits des gays : très peu pour les deux dirigeants, pas vraiment portés sur les droits de l’homme. Poutine n’a pas caché sa profonde désapprobation à l’égard des pays occidentaux qui ont autorisé le mariage homosexuel, et lui et son homologue turc ont tous deux adopté des lois visant à restreindre les droits LGBT.

Et lorsque des manifestions se sont multipliées en Russie en 2011-2012 après la réélection contestée de Poutine et en 2013 contre le pouvoir en Turquie, c’est dans la violence policière et par des arrestations massives que les deux hommes y ont mis un terme.

3. Un recours aux purges

Aussitôt après son arrivée au pouvoir, Poutine s’est lancé dans une chasse aux oligarques, ces milliardaires russes qui avaient fait facilement fortune sous le règne de Boris Eltsine et qui faisaient un peu la loi dans le pays jusqu’alors. Le Russe en a mis au pas un grand nombre, en a contraint d’autres à l’exil, a confisqué des fortunes colossales et a envoyé l’un d’eux, Mikhaïl Khodorkovski, derrière les barreaux. pendant dix ans.

Erdogan, de son coté, a entrepris plusieurs purges dans son pays, entre 2009 et 2014 d’abord. Avant de remettre ça en juillet dernier après la tentative ratée de coup d’Etat. Plus de 16.000 personnes (militaires, magistrats, etc.) ont été inculpées et arrêtées et quelque 6.000 (autres) suspects sont toujours en garde à vue.

4. Une haine de l’Occident

S’ils sont opposés sur le dossier syrien, Poutine et Erdogan partagent en revanche une haine viscérale de l’Occident, dont ils n’apprécient guère les leçons dispensées en matière de droits de l’homme. Poutine n’a pas digéré les sanctions économiques, militaires et énergétiques décrétées par l’Europe et les Etats-Unis au lendemain de l’annexion de la Crimée, ukrainienne, par son armée. Erdogan, dont le pays n’est toujours pas parvenu à passer les portes de l’Union européenne, n’a pour sa part de cesse de dénoncer « l’hypocrisie » de l’Occident, dont il ne tolère pas les réactions consécutives au coup d’Etat manqué.

5. La passion du sport et le culte de la personnalité

Mais dans la vie des deux dirigeants, il n’y a pas que la politique et le pouvoir, il y a le sport aussi. Pour consolider leur amitié virile, les deux hommes pourront toujours se raconter leurs exploits sportifs, en football pour le Turc, en judo et en hockey sur glace pour le Russe.

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Assez fiers d’eux-mêmes, les deux hommes ont forgé leur propre légende et entretiennent un culte de leur personnalité. Poutine joue sur son passé d’espion et raconte à l’envie comment il aurait rejoint le KGB après s’être rendu au siège à Leningrad à 16 ans pour y proposer ses services. Erdogan, lui, aime à rappeler que ses ancêtres ont participé à la conquête de Constantinople en 1453.

6. Un palais présidentiel qui envoie du steak

Le pouvoir absolu, la mainmise sur la justice et le contrôle des médias, c’est bien beau et bien pratique, mais accompagnés d’un palais présidentiel qui en impose, c’est encore mieux. Et ça, Poutine et Erdogan l’ont bien compris et les deux hommes jouissent chacun d’une bâtisse d’exception. Lorsque le besoin de faire une pause dans son quotidien de président de la Russie se fait sentir, Vladimir Poutine aime aller se ressourcer dans sa « datcha », sa somptueuse demeure construite sur les bords de la mer Noire.

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12.000 m2 de luxe et de volupté bordés de vignes et d’une forêt de pins, réservés à l’usage privé de Poutine, mais payé… avec des fonds publics détournés, initialement destinés à la modernisation des hôpitaux russes.

Pour son homologue turc, pas question de se contenter du « cafardeux » palais de Çankaya, qui abritait pourtant la présidence de la République turque depuis 1924. Non, Erdogan a préféré le refiler à son Premier ministre pour se faire construire une demeure à sa mesure à la lisière d’Ankara. Un nouveau palais présidentiel qui compte un millier de pièces, réparties sur 200.000 m2 et qui a coûté la modique somme de 490 millions d’euros.

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Un coût colossal resté en travers de la gorge des détracteurs d’Erdogan, qui y voient le signe de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire du président. Des critiques balayées du revers de la main par le principal intéressé, qui a très sérieusement justifié la construction de ce bâtiment hors normes par la présence de locataires indésirables du précédent palais, dénonçant «une salle de bains pleine de cafards ».

7. Une fortune colossale aux origines troubles

S’ils dorment dans leur super palais aux frais de la princesse (les contribuables), Poutine et Erdogan ont pourtant les moyens de satisfaire leurs envies de luxe et de bling-bling. Ils seraient tous deux à la tête d’une fortune colossale aux origines troubles.