Putsch raté en Turquie: Erdogan accuse «le monde occidental» de ne pas avoir été «solidaire»
UNION EUROPEENNE•Le Président turc reproche le manque « d’empathie » des Européens après la tentative de coup d’Etat…H. B.
Recep Tayyip Erdogan ne décolère pas. Dans une interview accordée ce lundi au Monde, le Président turc estime que « le monde occidental » ne s’est pas montré assez « solidaire » après la tentative de coup d’Etat en Turquie, le 15 juillet. « Pendant la tentative de putsch, une partie des leaders du monde occidental m’ont appelé au téléphone. Cela n’était pas suffisant. Nous n’étions pas face à une attaque terroriste ordinaire », s’est plaint le chef de l’Etat turc.
« Le monde entier avait réagi à l’attaque contre Charlie Hebdo. Notre Premier ministre s’était joint à la marche dans les rues de Paris. J’aurais souhaité que les leaders du monde occidental réagissent également à ce qui s’est passé en Turquie et qu’ils ne se contentent pas de quelques clichés pour condamner. Ou alors j’aurais voulu qu’ils viennent ici en Turquie », a-t-il ajouté.
« Au lieu de faire preuve d’empathie, les dirigeants occidentaux ont eu la réaction opposée »
« Quand M. Poutine m’a appelé pour me présenter ses condoléances, il ne m’a pas critiqué sur le nombre de militaires ou de fonctionnaires limogés. Alors que tous les Européens m’ont demandé : pourquoi tant de militaires sont en détention, pourquoi tant de fonctionnaires ont été démis ? », s’insurge le Président turc, ajoutant qu'« au lieu de faire preuve d’empathie, les dirigeants occidentaux ont eu la réaction opposée. Cela nous attriste, c’est inacceptable. »
Recep Tayyip Erdogan a également laissé sous-entendre une probable rupture avec l’Union européenne. « Cela fait 53 ans que nous sommes aux portes de l’Europe. L’UE est la seule responsable et coupable », a-t-il expliqué.
Un chantage sur l’accueil des réfugiés
Le Président Erdogan a surtout prévenu qu’il n’accepterait les renvois de migrants dans son pays que si les Turcs étaient exemptés de visas, comme le stipulait l’accord passé le 18 mai dernier entre l’Union européenne et la Turquie.
« Nous accueillons actuellement trois millions de réfugiés alors que la seule préoccupation de l’UE est qu’ils n’arrivent pas sur son territoire. On nous a proposé d’accepter les réadmissions en échange d’une exemption de visa pour les citoyens turcs. L’accord de réadmission et l’exemption de visas devaient entrer en vigueur simultanément le 1er juin. Nous sommes aujourd’hui en août et il n’y a toujours pas d’exemption de visas. Si nos demandes ne sont pas satisfaites, les réadmissions ne seront plus possibles », a menacé le chef de l’Etat turc.