Si Fethullah Gülen, ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan et désormaisexilé aux Etats-Unis, est supposé avoir pensé le coup d’État selon Ankara, sur place ce sont 125 généraux et amiraux qui ont été interpellés dans la nuit du 15 au 16 juillet. Quatre en particulier ont éveillé les soupçons du camp du chef de l’Etat :

• Akin Ozturk : Le 16 juillet, il a d’office été présenté comme le chef des opérations lors de la tentative ratée de putsch. Ce pilote de formation occupait un siège de membre du Conseil militaire suprême de Turquie. Soit la plus grande instance stratégique de l’armée turque. Egalement ancien commandant des forces aériennes, il n’était déjà plus en odeur de sainteté auprès du gouvernement d’Ankara. Akin Ozturk devait d’ailleurs quitter ses fonctions le 30 août prochain. Il était accusé d’entretenir des liens avec Fethullah Gülen. Devant la justice, le général a cependant nié son implication dans la tentative de coup d’Etat. Oktay Ensari Kayseri/AP/SIPA

• Levent Turkkan : Ce lieutenant-colonel aurait été les « oreilles » des putschistes au sein de l’état-major. Bras-droit du chef d’état-major Hulusi Akar, il aurait avoué avoir posé des micros dans le bureau de son supérieur, déclarant ainsi : « Je mettais un enregistreur dans la pièce le matin et je le récupérais le soir » selon l’agence de presse turque progouvernementale Anadolu. Se dédouanant comme il l’a pu, il aurait également déclaré : « J’ai obéi aux ordres et aux instructions venant de plus haut ». Il serait également affilié à Fethullah Gülen puisque, selon les médias turcs, ce sont des « gülenistes » qui lui auraient permis d’entrer dans l’armée en 1989 en lui donnant le sujet du concours d’entrée.

• Ali Yacizi : Son cas est particulier puisqu’il s’agissait du principal conseiller militaire de

Recep Tayyip Erdogan. Régulièrement vu aux côtés du chef de l’Etat turc, Ali Yacizi aurait nié tout lien avec Fethullah Gülen. Selon Anadolu, il aurait été arrêté dimanche et mis en détention ce mercredi. Devant les procureurs, il aurait même déclaré : « Pour moi Fethullah Gülen est le dirigeant d’une organisation terroriste ».

• Mehmet Disli : C’est ce général que les autorités turques suspectent d’avoir voulu capturer Recep Tayyip Erdogan lors de la nuit du putsch manqué. Il est le frère de Saban Disli, qui lui est le secrétaire général adjoint de l’AKP, parti d’Erdogan. Saban Desli a d’ailleurs tenu à se distancer très rapidement du membre de sa famille, déclarant : « Notre dirigeant est Recep Tayyip Erdogan. Un frère qui est un général et répond au nom de Disli ne changera rien à cela ». Devant les procureurs, Mehmet Disli a cependant nié le fait d’entretenir des liens avec Gülen : « Je suis une victime (…) J’ai été menacé de mort ».

Sur les 125 généraux et amiraux ont été placés en garde à vue, 109 ont déjà été mis en détention. Les images de l'agence progouvernementale Anadolu en ont montré beaucoup le visage contre un mur, les mains attachées avec des menottes en plastique. Interrogé sur les images de suspects apparus le visage tuméfié, le vice-premier ministre Numan Kurtulmus a expliqué que leurs blessures avaient été provoquées par les combats dans la nuit de vendredi à samedi derniers et non par des mauvais traitements lors d'interrogatoires.