TURQUIETentative de putsch en Turquie: Accusations à tout-va

Tentative de putsch en Turquie: Accusations à tout-va entre Ankara, Washington et la Pennsylvanie

TURQUIELe coup d'Etat avorté a fait au moins 265 morts...
Mathias Cena

M.C.

Après la tentative de coup d’Etat, c’est l’heure des règlements de compte en Turquie. Alors que des zones d’ombre persistent sur le putsch qui a fait au moins 265 morts, et que le mouvement est durement réprimé, les accusations se croisent au-dessus de l’Atlantique. Tandis que le président turc accuse son ennemi juré, le prédicateur en exil Fethullah Gülen, d’avoir fomenté le coup d'Etat, et que celui-ci nie toute implication et suggère que le président turc Recep Tayyip Erdogan pourrait être lui-même l’instigateur, les Etats-Unis se sont indignés contre les allégations d’un soutien américain au putsch.

Fetullah Gülen, 75 ans, qui vit en reclus en Pennsylvanie (nord-est des Etats-Unis) depuis 1999, a été accusé par Recep Tayyip Erdogan d’avoir organisé le coup d’Etat militaire avorté et a demandé aux Etats-Unis de l’extrader. « J’ignore qui sont mes partisans », a déclaré Fetullah Gülen au New York Times depuis sa maison, lorsque des journalistes du quotidien lui ont demandé si certains de ses sympathisants avaient participé à la tentative de prise du pouvoir par un groupe de soldats rebelles.

« Certains dirigeants organisent de faux attentats pour renforcer leur pouvoir »

« Etant donné que je ne les connais pas, je ne peux pas m’exprimer sur leur quelconque implication », a-t-il expliqué. « Cela pourrait avoir été organisé par l’opposition ou des nationalistes. Je vis loin de la Turquie depuis 30 ans et je ne suis pas cela », a-t-il ajouté. Peu après le début du putsch, Fetullah Gülen avait condamné les agissements des soldats rebelles « dans les termes les plus forts ».

Lors de l’interview accordée au New York Times, il a jugé « possible » que le coup d’Etat ait été orchestré par le président Erdogan lui-même. « En tant que croyant, je ne peux pas accuser sans preuves. Certains dirigeants organisent de faux attentats-suicides pour renforcer leur pouvoir, et ces gens ont ce genre de scénarios en tête », a-t-il encore déclaré.

Kerry proteste contre des allégations d’un soutien américain au putsch

Samedi, le secrétaire d’État américain John Kerry a lui protesté contre des allégations d’un soutien américain au putsch. Plusieurs cadres turcs ont en effet suggéré, d’après des informations de presse, que Washington était secrètement favorable aux militaires rebelles, une accusation que John Kerry a niée avec colère.

Lors d’un appel à son homologue turc, « il a bien fait comprendre que les Etats-Unis seraient disposés à fournir de l’aide aux autorités turques dans la conduite de cette enquête, mais que les insinuations ou affirmations publiques à propos du rôle que les États-Unis auraient pu avoir dans la tentative avortée de coup d’Etat sont tout à fait fausses, et nuisibles à nos relations bilatérales », a résumé un porte-parole américain. Dans une Turquie friande de la théorie du complot, l'affaire n'est sans doute pas près d'être réglée.

Evoquant des «risques accrus émanant de groupes terroristes à travers la Turquie», le département d'Etat américain a par ailleurs mis en garde samedi ses concitoyens contre tout déplacement dans le pays.