Fallouja, en Irak, est confrontée à un véritable «désastre humanitaire»
IRAK•Au moins 30.000 personnes ont fui les combats en trois jours...Clémence Apetogbor
Les ONG tirent la sonnette d’alarme alors que Fallouja, en Irak, fait face à un « désastre humanitaire ». Sous un soleil de plomb, par 42 degrés, des milliers de civils irakiens continuaient de fuir la ville, reprise en grande partie par les forces gouvernementales.
30.000 en fuite en 3 jours
Au moins 30.000 personnes ont fui les combats en trois jours, rejoignant les dizaines de milliers déjà déplacées, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Et des milliers d’autres sont toujours bloquées à l’intérieur de la ville, dont des femmes enceintes, des personnes malades, âgées ou handicapées. Le NRC, qui gère les camps de déplacés autour de Fallouja, est submergée par l’afflux massif de civils, dont certains dorment en plein air tandis que les combats se poursuivent entre forces irakiennes et djihadistes de l'organisation Etat islamique.
« Nous implorons le gouvernement irakien de prendre en charge cette catastrophe humanitaire qui se déroule sous nos yeux », a déclaré dimanche le directeur du NRC pour l’Irak, Nasr Muflahi.
Des conditions sanitaires de plus en plus précaires
L’organisation a averti qu’elle ne pouvait plus fournir l’assistance nécessaire, avec un déficit de rations d’eau, alors que les conditions sanitaires deviennent de plus en plus précaires. L’un des camps d’Amriyat al-Fallouja, qui abrite quelque 1.800 personnes, ne dispose ainsi que d’une seule latrine pour les femmes, s’est alarmée l’ONG.
« 400 familles ont atteint mon camp au cours des quatre derniers jours, elles n’ont rien », a témoigné le responsable du camp, sous couvert d’anonymat. « Nous avons obtenu des tentes pour certains d’entre eux, mais les autres, y compris les femmes et les enfants, dorment par terre sous le soleil. Leur situation est tragique ».
Pour Nasr Muflahi, « le gouvernement irakien doit jouer un rôle de premier plan dans la fourniture en besoins des civils les plus vulnérables qui ont enduré des mois de traumatisme et de terreur ».
Exode massif
Cet exode massif a été provoqué par l’avancée des forces irakiennes qui ont repris jeudi le contrôle de plusieurs zones du centre de Fallouja, à 50 km à l’ouest de Bagdad, aux djihadistes de Daesh.
Des milliers de civils qui étaient jusque là pris au piège et parfois utilisés comme boucliers humains par l’organisation ultraradicale sunnite ont alors pu quitter la ville. Selon le HCR, 84.000 personnes ont été forcées de fuir leurs maisons depuis le début de l’offensive lancée le 23 mai avec le soutien aérien crucial de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.