PORTRAITQui est Virginia Raggi, la première femme élue maire de Rome ?

Rome: Virginia Raggi, la figure montante du Mouvement 5 étoiles à la tête de la capitale

PORTRAITL'avocate de 37 ans a profité du rejet de la classe politique traditionnelle, particulièrement discréditée dans la capitale italienne...
Mathias Cena

M.C. avec AFP

C’est une première dans l’histoire de Rome : une femme a été élue à la tête de la capitale italienne. Mais au-delà, le triomphe de Virginia Raggi, nouvelle figure montante du Mouvement 5 étoiles (M5S), une ambitieuse formation populiste et anti-partis, est un véritable camouflet au Parti démocrate (PD) du chef du gouvernement Matteo Renzi. Totalement inconnue du grand public il y a encore quelques mois, y compris à Rome, cette avocate de 37 ans s’adjugeait 67 % des voix dimanche soir, après dépouillement dans 80 % des bureaux de vote, dans un scrutin marqué par l’absentéisme de près de la moitié des électeurs.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Née à Rome, Virginia Raggi est entrée en politique il y a seulement cinq ans, séduite parle discours radical du M5S, qui s’est juré d’en finir, comme tant d’autres en Europe, avec la classe politique traditionnelle. Et celle-ci est particulièrement discréditée à Rome, où l’ancien maire de centre-gauche a été poussé avec fracas à la démission fin 2015 après une affaire de fausses notes de frais.

L’état de dégradation de la capitale exaspère les Romains

C’est la naissance de son fils Matteo qui l’a convaincue qu’elle ne pouvait rester sans rien faire face à l’état de dégradation de la capitale, qui exaspère les près de trois millions de Romains, a-t-elle raconté dans un entretien avec l’AFP.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Elue au conseil municipal en 2013, cette spécialiste de la propriété intellectuelle se fait vite remarquer pour son éloquence et son opiniâtreté. En vue des élections municipales, elle remporte en début d’année les primaires, organisées sur internet conformément à la philosophie du M5S, et peu à peu les Romains découvrent le visage de cette brune aux yeux noirs, sur les affiches dans les couloirs du métro ou sur les bus. D’autant plus qu’ils ont le temps pour cela, face à des transports publics qu’ils jugent obsolètes et surtout rarement à l’heure.

Bilan mitigé du M5S dans d’autres villes

C’est sur cette exaspération, après 20 ans d’immobilisme, de corruption et d’incurie administrative, que Virginia Raggi a construit son succès. Elle devra désormais faire la preuve de sa compétence dans une ville en plein désarroi, criblée de dettes et réputée ingérable. Ce défi s’annonce de taille, y compris pour le M5S, un mouvement créé en 2009 qui joue aussi à Rome sa crédibilité alors qu’il ambitionne de gouverner un jour tout le pays.

Mais l’absence de cadres ayant fait leurs gammes dans la gestion politique au quotidien est l’une des raisons du bilan mitigé du M5S dans les villes de moindre envergure déjà conquises, comme Parme ou Livourne.

Quoi qu’il en soit, ce scrutin est « destiné à laisser une trace dans la politique italienne, à marquer une discontinuité et une possible rupture de système », a prévenu samedi dans un éditorial le directeur de La Repubblica, Mario Calabresi. Avec le M5S, « on en arrive à choisir la fraîcheur et la sympathie, à considérer l’inexpérience comme la plus grande des valeurs. Et à l’associer à l’espérance », a-t-il estimé, comparant ses militants aux passagers prenant les commandes d’un avion pour protester contre les retards des vols et les avantages sociaux des pilotes.