MONDEAutriche: L’extrême-droite aux portes de la présidence

Autriche: L’extrême-droite aux portes de la présidence

MONDECe dimanche, les Autrichiens votent pour leur prochain président, qui sera soit issu de l’extrême-droite soit un écologiste…
A.Ch. avec AFP

A.Ch. avec AFP

Un second tour hors des sentiers battus : ce dimanche, les Autrichiens élisent leur président et doivent choisir entre un écologiste, Alexander Van der Bellen, et un candidat d’extrême-droite, Nobert Hofer, qui est arrivé largement en tête du premier tour avec 35% des voix contre 21,3% à son adversaire de gauche.

« Nous incarnons deux concepts opposés », a commenté le candidat soutenu par les Verts. Nobert Hofer, son rival d'extrême droite quasi inconnu du grand public, s’est présenté aux électeurs comme quelqu'un de « neuf, honnête, compétent » après plus de vingt ans de responsabilités politiques dans le parti FPÖ (Parti de la liberté). Vice-président du Parlement depuis 2013, cet élu toujours souriant, se déplace avec une canne à la suite d'un accident de parapente en 2003, mais aussi parfois avec un pistolet, expliquant être amateur de tir. Le quotidien Österreich estime que Nobert Hofer « engrange des voix grâce à son aspect sympathique ».

Les migrants au cœur des débats

Nobert Hofer ne se lasse pas de donner du « Herr Doktor Van der Bellen » à son rival, brillant économiste qu'il aime faire passer pour arrogant et pontifiant. L'air austère, parfois bourru de l'ancien professeur aux sourcils en accent circonflexe lui offre une cible idéale. Ancien membre du Parti social-démocrate, Alexander van der Bellen a été pendant plus de dix ans le visage des Verts autrichiens, formation qu'il a dirigée jusqu'en 2008. Durant cette période, les Verts, présents au parlement depuis les années 80, sont devenus la quatrième force politique du pays, derrière le FPÖ.

Alors que le candidat Van der Bellen n'a eu de cesse de mener une campagne au centre pour tenter de rassembler l'électorat modéré, le FPÖ l'a présenté comme un « gauchiste en habits bourgeois », le renvoyant aux positions de son ancien parti en matière d'immigration. Les Verts ont toujours défendu une société ouverte et multiculturelle qui fait figure d'épouvantail pour le FPÖ. La question migratoire a été au centre de la campagne dans un pays de 8,5 millions d'habitants qui a accueilli 90.000 demandeurs d'asile, près de 1% de sa population, lors de la crise des réfugiés de la fin d'année 2015.

« Fasciné par l'idéologie de la Grande Allemagne »

Alexander Van der Bellen se présente lui comme « enfant de réfugiés » : il est le fils d'un aristocrate russe et d'une mère estonienne ayant fui le stalinisme. Il a grandi aux confins de l'Autriche et de l'Italie, dans la province frontalière du Tyrol. Nobert Hofer est lui le fils d'un élu municipal conservateur du Burgenland, la province la moins prospère d'Autriche, non loin de la frontière hongroise. Il y devient responsable régional du FPÖ dès 1996 et suit la ligne radicale du parti.

« Quand on parle de Norbert Hofer, on parle de quelqu'un fasciné par l'idéologie de la Grande Allemagne. On parle de quelqu'un qui a été sorti du chapeau par un chef de parti qui a frayé dans le milieu néonazi », rappelle dans un éditorial Christian Rainer, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Profil.