Election américaine: Donald Trump peut-il devenir président?
ETATS-UNIS•Il ne part pas favori face à Hillary Clinton, mais la route est longue jusqu'à novembre...Philippe Berry
Le match Trump-Clinton a déjà commencé. Avec l’abandon de Ted Cruz et de John Kasich, Donald Trump est désormais le candidat présumé du parti républicain. Hillary Clinton, elle, est tout près du but et devrait, sauf accident, écarter Bernie Sanders. Après avoir créé une surprise retentissante lors de la primaire, Trump peut-il récidiver le 20 novembre ? Ça s’annonce compliqué. Mais pas forcément impossible.
- Trump face à Clinton aujourd’hui
Les sondages avec six mois d’avance ne sont pas considérés comme fiables. Malgré tout, le républicain part avec un déficit de 6,5 %, selon la moyenne de Real Clear Politics. L’enquête la plus récente, de CNN, donne même 13 % d’avance à Hillary Clinton. L’élection américaine ne se déroule pas au scrutin universel direct mais avec des grands électeurs. Pour atteindre la majorité (270), Trump doit d’abord remporter tous les Etats gagnés par Mitt Romney. A l’heure actuelle, il est derrière Clinton en Caroline du Nord, Arizona, Missouri et Utah. Et il devra en faire basculer au moins trois autres : Ohio, Floride et Pennsylvanie, un Etat qui n’a pas voté républicain depuis 1988.
- Faire baisser Hillary Clinton
Avec un simple surnom, il a coulé « Jeb Bush l’apathique », « le petit Marco » Rubio et le « menteur Ted » Cruz. Pour Clinton, c’est « crooked Hillary », « Hillary l’escroc ». Scandale sur l’utilisation de son compte email privé, attaque contre le consulat américain de Benghazi, discours payés par la banque Goldman Sachs… Trump va appuyer là où ça fait mal : selon un sondage du Washington Post du mois de mars, 57 % des Américains estiment que la démocrate est « malhonnête et pas digne de confiance ». Clinton est une candidate impopulaire, avec 55 % d’opinions négatives. Le problème, c’est que Donald Trump fait pire, à 65 %. Les experts s’attendent donc à une campagne toxique, sans restriction sur les attaques personnelles.
- Récupérer des électeurs de Bernie Sanders
C’est sa dernière stratégie. « Je pense que de nombreux électeurs de Bernie Sanders voteront pour moi car ils veulent un candidat qui défende l’emploi », a avancé Trump sur Fox News, mardi. Il a déjà commencé son opération séduction. Comme le candidat socialiste, il s’en prend aux traités commerciaux et au libre-échange, qui poussent, selon lui, à la délocalisation. « Hillary Clinton veut fermer les mines de charbon, moi je veux remettre les mineurs au travail », a-t-il encore promis, mardi soir. Dans des Etats ouvriers et agricoles comme l’Ohio, la Pennsylvanie ou la Virginie, cela pourrait payer.
- Limiter la casse avec les minorités
Malgré ses déclarations incendiaires sur les immigrés, les musulmans et les femmes, Trump répète souvent qu’il gagne « dans toutes les catégories » démographiques. Le problème de cet argument, c’est que le vote noir et latino est globalement insignifiant dans la primaire républicaine. Il aura également fort à faire du côté du vote féminin, alors que sept femmes sur dix ont une opinion négative de lui. Bref, à l’heure actuelle, Hillary Clinton reste la favorite. Mais une inculpation dans l’affaire des emails, de mauvais chiffres économiques ou une attaque terroriste, comme à San Bernardino, pourraient tout changer.
- La grande incertitude
L’expert élection de Princeton, Sam Wang, l’expliquait à 20 Minutes en février : avec Trump, « nous entrons en terrain inconnu. Il faut être très prudent dans ses prédictions ». L’ancien directeur de campagne de Barack Obama, David Plouffe, est à l’unisson. Selon lui, Trump « pourrait perdre dans un raz-de-marée ou s’imposer d’une courte tête. C’est l’élection la plus volatile depuis 1980 ». Une chose est sûre, on ne devrait pas s'ennuyer.