ETATS-UNISC'est quoi un délégué, et pourquoi on vous bassine avec le chiffre 1.237

VIDEO. Primaire républicaine: C'est quoi un délégué, et pourquoi on vous bassine avec le chiffre 1.237

ETATS-UNISPetit guide pour comprendre un processus incompréhensible...
Philippe Berry

Philippe Berry

De notre correspondant aux Etats-Unis,

1.237. Aucun nombre n’avait été aussi important depuis ceux tapés par Desmond dans le bunker de Lost. Car autour de ce chiffre, qui représente la majorité absolue des délégués en jeu dans la primaire républicaine, c’est l’avenir de la présidentielle de novembre qui se joue. 20 Minutes vous explique tout.

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Une primaire = un scrutin indirect

Parce qu’ils ne faisaient pas confiance à la populace pour choisir le président, les pères fondateurs ont adopté un système de scrutin indirect. Hamilton himself l’explique dans les Federalist Papers : « Un petit nombre de personnes, sélectionné par les citoyens parmi la population, sera plus à même de posséder les informations et le discernement » pour désigner le président et résister à la manipulation d'un tyran. Pour les primaires, c’est pareil. Au 18e siècle, les partis désignaient directement leur champion, souvent inconnu du grand public, lors des conventions. Mais après 1968, les démocrates, puis les républicains, sont passés à un système de primaires modernes. Le peuple vote, mais indirectement.

C’est quoi un délégué ?

Une sorte de grand électeur. Dans chaque Etat, les militants républicains et démocrates votent pour des délégués chargés de les représenter lors de la convention estivale du parti. Parce qu’il y a 50 Etats, il y a presque autant de systèmes différents. Voici les trois principaux :

  • Certains délégués, des sortes de têtes de liste, sont élus directement lors de la primaire.
  • D’autres sont choisis par les candidats après le vote. Il s'agit en général d'opérationnels qui ont une expérience politique.
  • La majorité est élue plus tard, lors d’un rassemblement de leur Etat. N'importe quel militant peut se présenter.

En clair, il ne suffit pas de terminer en tête le jour de la primaire. Il faut encore s’assurer que les délégués choisis par la suite soient des soutiens fidèles. Le système favorise les candidats qui ont une grosse machine sur le terrain et qui sont soutenus par les cadres du parti. Ce qui n’est pas le cas de Donald Trump.

Le témoignage d’un délégué

Evan Draim, plus jeune délégué élu en 2012, à seulement 17 ans, raconte son expérience à 20 Minutes : « J’ai dû faire campagne dans le 8e district de Virginie. Les électeurs me demandaient souvent pour qui je voterais en cas de convention contestée. Ma réponse était toujours la même : pour le candidat choisi par mon district, Mitt Romney. Ça tombait bien car j’étais moi-même un de ses partisans. »

Pourquoi 1.237 ?

Car il y a 2.472 délégués en jeu dans la primaire républicaine. 1.237 (la moitié +1) représente donc la majorité absolue. Si un candidat franchit ce cap, la convention estivale est une formalité qui ressemble à l'Eurovision. Si personne n’y arrive, la cuisine commence.

Donald Trump arrivera-t-il à 1.237 ?

C’est du 50/50. Pour l’instant, il est à 749, ce qui représente 48 % des délégués attribués jusqu’à présent. En clair, il va devoir faire un peu mieux pour atteindre la majorité absolue. Ce n’est pas impossible avec le système du « winner takes tall » (le vainqueur rafle tout) des derniers Etats. Mais il pourrait très bien terminer un peu court.

Que se passe-t-il si Trump est court ?

C’est une « brokered convention », une convention ouverte. Après le premier tour de scrutin, les délégués retrouvent leur liberté et peuvent voter pour n’importe qui. Non seulement pour un candidat arrivé derrière Trump, comme Ted Cruz ou John Kasich, mais aussi pour un homme – ou une femme – providentiel, comme dans House of Cards. Le patron de la Chambre, Paul Ryan, ou la gouverneure de Floride, Nikki Haley, pourraient donc encore surgir à l’ultime seconde pour réconcilier une famille déchirée.

Sauf que Trump a déjà prévenu que s’il lui manquait quelques dizaines de délégués et que le parti lui barrait la route, « il y aurait sans doute des révoltes » dans la rue. Pour se venger, il pourrait alors se présenter en indépendant et ainsi offrir la Maison Blanche à Hillary Clinton. Bref, chaque délégué compte, à commencer par les 42 en jeu dans le Wisconsin, le 5 avril.