Thibault de Montbrial n’a pas été surpris, ce mardi matin, en entendant les nouvelles à la radio. Spécialiste des questions de terrorisme, l’avocat parisien et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure suit, avec beaucoup de préoccupation, l’évolution des méthodes de Daesh depuis des mois. Il dresse pour 20 Minutes la liste des enseignements à tirer des attentats de Bruxelles.

Les attentats de ce mardi étaient-ils prévisibles ?

Ce n’est pas une surprise. On pouvait s’y attendre vu les signes avant-coureurs de l’implantation de Daesh en Belgique. On sait que c’est le pays, avec la France et le Danemark, où le ratio de djihadistes parmi la population est le plus important. Les récentes perquisitions menées en Belgique ont bien montré l’implantation des terroristes.

Le fait que l’attentat soit perpétré aujourd’hui est aussi à mettre en lien avec une grande décision de justice qui doit être rendue ce mardi. On attendait le délibéré dans le procès de la cellule de Verviers (Belgique). Les événements de ce matin sont aussi à mettre en perspective avec ça.

L’attentat a-t-il un lien avec l’arrestation de Salah Abdeslam ?

Il est impossible de répondre à cette question pour le moment. Il faut attendre les premiers résultats de l’enquête. Ce qui est sûr, c’est que les terroristes ont voulu montrer que malgré la lutte du gouvernement, malgré les arrestations, ils ont toujours les capacités opérationnelles de monter de telles attaques.

C’est inquiétant pour l’avenir ?

Evidemment. On sait aujourd’hui que Daesh a infiltré de très nombreuses cellules en Europe. Ce mouvement entend désormais mener des attaques dans plusieurs pays d’Europe à la fois. Des attaques simultanées. Imaginez que cela explose à Bruxelles le matin et dans un autre aéroport l’après-midi. Encore une fois, cela serait une démonstration de force.

Les mesures annoncées, notamment par Bernard Cazeneuve, sont-elles suffisantes, selon vous ?

Il a annoncé le renfort immédiat de 1.600 membres des forces de l’ordre. Comme je vous le disais, c’est intéressant dans la mesure où l’on redoute des attaques simultanées. C’est donc intelligent de réagir extrêmement vite. En revanche, ce ne sont pas 1.600 hommes supplémentaires en France qui vont changer radicalement le schéma dans lequel nous nous trouvons. On est sortis de la paix. Il faut radicalement changer notre façon de voir les choses.

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