ETATS-UNISCaucus dans l'Iowa: Le «winner» Donald Trump apprend à vivre avec la défaite

Caucus dans l'Iowa: Le «winner» Donald Trump apprend à vivre avec la défaite

ETATS-UNISEn terminant en deuxième position, le candidat n’apparaît plus intouchable...
Philippe Berry

Philippe Berry

De notre correspondant aux Etats-Unis,

« Personne ne se souvient des seconds. » Cette citation, partagée par Donald Trump sur Twitter en 2013, revêt une ironie particulière au lendemain de sa deuxième place dans l’Iowa. Alors que les sondages lui prédisaient la victoire, le candidat fait face à de nombreuses questions. Et personne n’est vraiment d’accord sur les réponses.

« “No one remembers who came in second.” - Walter Hagen — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 30, 2013 »

Les sondages se sont-ils plantés ?

« Les sondages dans l’Iowa sont souvent imprécis », expliquait la semaine dernière l’expert de Princeton, Sam Wang. Au final, Trump termine avec environ 5 points de moins que ses prédictions, et Cruz et Rubio avec 5 de plus. Archaïque, le système du caucus, un joyeux bazar qui permet de convaincre les électeurs de passer à l’ennemi dans les dernières minutes, est toujours difficile à sonder en avance.

Les indécis ont-ils fait tout basculer ?

C’est la thèse avancée par le statisticien Nate Silver. Environ un tiers des électeurs se sont décidés dans les derniers jours. Et ils ont voté à seulement 13 % pour Trump contre 27 % pour Cruz et 31 % pour Rubio. Ce paramètre à lui-seul représente un écart final de plusieurs points. Les supporters de Trump semblent s’être décidés plus d’un mois à l’avance. C’est son principal problème : les électeurs l’adorent ou le détestent, mais ils changent rarement d’avis. En clair, le candidat n’a pas vraiment de réserve de voix.

Les évangélistes ont-ils pesé ?

Absolument, et c’était prévu. Environ deux votants sur trois étaient des chrétiens évangéliques. Ils ont voté à 34 % pour Cruz, qui a fait de la religion la pierre angulaire de sa campagne, contre seulement 22 % pour Trump. Dans le reste du pays, ils sont cependant trois fois moins nombreux.

Comment a réagi Trump ?

Il a fait preuve d’une humilité inattendue, félicitant « Ted » pour sa victoire. Dans l’absolu, terminer second, dans un Etat conservateur où il n’avait aucune chance il y a un an, n’est pas un mauvais résultat. « J’en suis honoré », a même juré Trump. Sur Twitter, il a cependant pleurniché, expliquant que les médias étaient « injustes » et n’avaient pas salué sa performance à sa juste valeur.

« The media has not covered my long-shot great finish in Iowa fairly. Brought in record voters and got second highest vote total in history ! — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) February 2, 2016 »

Et pour la suite ?

Nate Silver et Sam Wang ne sont pas d’accord. Pour Silver, Donald Trump pourrait terminer « comme Pat Buchanan », un candidat de l’extrême qui n’a jamais réussi à séduire une majorité de républicains. Mais pour Sam Wang, « Trump reste le favori, même s’il est désormais moins intouchable ». Sauf surprise, les sondages sont normalement plus fiables dans les Etats qui fonctionnent avec une primaire, via un vote classique. Même avec une potentielle marge d’erreur Trump-Cruz de 10 %, comme dans l’Iowa, le candidat milliardaire a une avance de 22 points dans le New Hampshire, qui vote le 9 février. En revanche, son coussin de 15 % en Caroline du Sud et dans les sondages nationaux ne semble plus si confortable. Si Donald Trump se partage le vote protestataire avec Ted Cruz, Marco Rubio pourrait bien surgir avec le soutien du parti républicain pour coiffer tout le monde au poteau.