Primaire républicaine: «Donald Trump a 60% de chance d'être désigné»
INTERVIEW•Selon Sam Wang, un expert de Princeton, le milliardaire est de loin le favori à l'heure actuelle...Propos recueillis par Philippe Berry
L’été dernier, aucun expert ne misait sur Donald Trump. C’était sûr, il allait s’écrouler dans les sondages après le dérapage de trop. Jeb Bush, avec tous ses soutiens et son argent, allait siffler la fin de la récréation. Ou pas. Aujourd’hui, le candidat milliardaire flirte avec les 40 % d’intentions de vote chez les républicains. Il a 17 points d’avance sur Ted Cruz, 25 sur Rubio et 30 sur Bush. Alors que le premier scrutin se déroule dans l’Iowa, ce lundi, peut-il aller jusqu’au bout ? 20 Minutes a demandé ses lumières à Sam Wang, « data expert » au Princeton Election Consortium. En 2012, il avait prédit les résultats corrects de l’élection dans 50 Etats sur 50.
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Donald Trump est-il vraiment le favori chez les républicains ?
Oui. Avec des soutiens oscillant entre 30 et 40 % des électeurs républicains, et avec une course très éclatée [avec 11 candidats], il n’a pas de concurrent sérieux. Compte tenu des règles des primaires, il est le favori pour la nomination. Son principal obstacle sera s’il obtient moins de la moitié des délégués. Dans ce cas, la convention serait compliquée. Mais actuellement, il a 60 % de chances d’être le nominé.
Est-il possible que les sondages soient complètement à côté de la plaque ?
La précision des sondages est toujours un problème, surtout lors des primaires. Malgré tout, une marge d’erreur classique par le passé était d’environ cinq points. Cela pourrait changer la donne en Iowa [où Trump devance légèrement Cruz], mais pas dans le New Hampshire, où il mène avec 20 points d’avance, ni au niveau national.
Qui sont ses principaux adversaires ?
Il n’en a aucun de dangereux pour l’instant. Ted Cruz a de l’avance en deuxième position, mais il n’est pas le second choix de beaucoup de monde [ce qui indique un faible potentiel de reports de voix]. Il devrait toutefois pouvoir s’accrocher un moment grâce à ses supporteurs passionnés. Marco Rubio se bat pour la troisième place avec John Kasich, Chris Christie et Jeb Bush. Ce sont des outsiders assez faibles.
Risque-t-on d’avoir une « brokered convention », avec aucun candidat majoritaire ?
Dans la configuration actuelle, c’est assez peu probable.
Se dirige-t-on vers un match Trump vs Clinton ?
Hillary Clinton est la candidate probable chez les démocrates. Mais le socialiste Bernie Sanders se débrouille bien dans les premiers Etats, en Iowa et dans le New Hampshire, ce qui pourrait prolonger le combat pour la nomination. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose pour Clinton sur le long terme car cela augmente sa couverture médiatique. Tout le monde est piétiné par Trump sur ce front.
Trump Président, c’est possible vu son impopularité chez les indépendants et les démocrates ?
Il est trop tôt pour le dire. Les rares sondages face à Hillary Clinton ne révèlent pas grand-chose. Plus largement, les démocrates sont favoris grâce à l’économie qui est repartie. Et les déclarations racistes de Trump pourraient également les aider avec les minorités. Mais nous entrons en terrain inconnu. Il faut être très prudent dans ses prédictions. Certaines positions de Trump, exprimées en des termes traditionnels, sont relativement modérées.