Les autorités mexicaines veulent entendre les acteurs Sean Penn et Kate del Castillo, a indiqué dimanche une source auprès du gouvernement fédéral, après la publication d’un entretien de l’acteur américain avec le narcotrafiquant « El Chapo » arrêté vendredi.
« C’est exact, bien sûr, (nous voulons les entendre) afin de déterminer les responsabilités » a indiqué cette source sous couvert d’anonymat. Sean Penn a réalisé, grâce à l’aide de Kate del Castillo, une interview du chef du cartel de Sinaloa publiée samedi sur le site du magazine Rolling Stone.
« El Chapo talked Hollywood economics and Donald Trump during his interview with Sean Penn. https ://t.co/U71TYRlq3F pic.twitter.com/4ph84x8K27
— The New York Times (@nytimes) 10 Janvier 2016 »
L’interview a été réalisée en plusieurs fois, par téléphone, vidéo et au cours d’une entrevue de sept heures dans une clairière en pleine jungle mexicaine. Sean Penn et « El Chapo » étaient entourés d’une centaine de narcotrafiquants armés jusqu’aux dents. L’actrice mexicaine Kate del Castillo a servi d’intermédiaire pour contacter le baron de la drogue.
Sean Penn pas exposé à des poursuites aux Etats-Unis
La rencontre clandestine de l’acteur américain Sean Penn avec le baron de la drogue « El Chapo », dont l’interview est parue samedi dans le magazine Rolling Stone, ne l’expose pas à des poursuites aux Etats-Unis, selon un avocat expert de la défense des journalistes. « Le simple fait de parler avec lui ne représente aucun risque pénal selon le droit américain », selon Floyd Abrams, avocat du cabinet Cahill Gordon & Reindel à New York, qui a défendu de nombreux journaux et télévisions américaines, notamment des journalistes à qui les autorités demandaient de révéler leurs sources.
Sean Penn n’aurait pas non plus pu être inquiété s’il avait agi comme citoyen privé, dit-il. « Le fait qu’il ait agi comme journaliste, au mieux, l’aidera à montrer qu’il n’était pas impliqué dans une sorte de conspiration avec lui. Ce n’est pas un crime de parler avec quelqu’un. Si (El Chapo) lui a donné de l’argent ou des conseils pour éviter d’être repéré, c’est un autre problème. Mais le seul fait de le rencontrer, de l’interviewer et d’écrire l’article ne suffit pas à justifier une action pénale ».
Possible témoignage en cas de procès
Selon lui, les autorités américaines auraient à la rigueur pu tenter d’interroger Sean Penn pour qu’il révèle le lieu où se trouvait le narcotrafiquant, mais cette question est devenue obsolète avec la capture de Joaquin « El Chapo » Guzman vendredi. L’avocat n’a pas souvenir d’une affaire où des journalistes américains aient été poursuivis pour avoir interviewé des personnes recherchées. La question pourrait toutefois revenir en cas de procès, un jour, aux Etats-Unis. La justice pourrait ordonner à Sean Penn de témoigner. « Si cela arrive, il pourrait bien y avoir un conflit entre le département de la Justice et Penn », note Floyd Abrams.