TERRORISMEAttentats à Paris: Quelles conséquences sur la crise migratoire?

Attentats à Paris: Quelles conséquences sur la crise migratoire?

TERRORISMEL’un des terroristes du Stade de France, originaire de Syrie, se serait enregistré sur l’île de Leros en Grèce le 3 octobre dernier…
Hélène Sergent

H.S.

«Il est vital que l’Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile » a assuré lundi, au Congrès à Versailles, François Hollande. Depuis la confusion autour du soi-disant passeport syrien retrouvé près du corps d’un des kamikazes du Stade de France, la polémique autour de l’infiltration de djihadistes au sein des réfugiés Syriens et Irakiens ne cesse d’enfler.

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Si l’authenticité du passeport au nom d’Ahmad Al Mohammad, 25 ans et né en Syrie, « reste à vérifier », selon le parquet, « il existe une concordance entre les empreintes papillaires du kamikaze et celles relevées lors d’un contrôle en Grèce en octobre 2015 », précisait en début de semaine un communiqué. Immédiatement après la diffusion de cette information, les réactions politiques ont afflué en France et en Europe.

Immigration et terrorisme, le cocktail clivant

Les pays de l’UE les plus réticents à l’accueil des réfugiés ont été parmi les premiers à surfer sur l’information. Le très droitier premier ministre hongrois, Viktor Orban, a assuré que « les terroristes ont exploité l’immigration de masse » et arguant un « droit à l’auto défense » des Européens comme « plus fort que tous les autres (droits) ». En Pologne, le ministre des Affaires Etrangères a affirmé qu’il allait revenir sur la décision du gouvernement libéral sortant d’accueillir environ 7 500 réfugiés dans le cadre du plan européen de répartition.

« La question de l’immigration est une question extrêmement clivante », analyse Virginie Guiraudon, chercheur au CNRS et spécialiste des politiques d’immigration et de la gestion des frontières, « L’objectif de Daesh est de créer du chaos. Agir sur l’immigration est un moyen efficace de diviser les gens », poursuit-elle. Une stratégie qui visiblement fonctionne, Marine Le Pen ayant demandé « l’arrêt immédiat de tout accueil de migrants ».

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« Les blâmer reviendrait à appeler les victimes coupables »

Les responsables européens ont tous appelés à ne pas faire d’amalgames : « Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l’inverse, et par conséquent il n’y a pas lieu de revoir dans son ensemble la politique européenne en matière de réfugiés », a déclaré Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.

« Message réfugiés présents à #GrandeSynthe au peuple français suite #AttentatsParis. Pas d’amalgame ! Tous Unis ! pic.twitter.com/2X0u78JmmC — Damien CAREME (@DamienCAREME) November 15, 2015 »

A Joigny, commune de l’Yonne qui accueille trois familles syriennes depuis le mois de février, le maire Bernard Moraine abonde : « Diviser est la stratégie de Daesh. Je sais pour en avoir discuté avec le président de la communauté musulmane de Joigny, que les Syriens que nous accueillons sont malheureux depuis les attentats. Cela les rapproche de ce qu’ils ont connu en Syrie et de ce qu’ils ont fui ».

Un risque trop important

Si l’enquête devrait déterminer le chemin emprunté par les frères Abdeslam ou Abdelhamid Abaaoud avant les attaques de Paris, aucun cas de terroristes infiltré parmi les réfugiés n’avait jusque-là été avéré.

S’il y a quelques mois un enquêteur confiait à 20Minutes qu’il s’agissait « d’une crainte du domaine du possible », la thèse semble peu probable affirme Alain Rodier, directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (cfrr) : « Un terroriste formé est un » investissement « pour ses employeurs. Ils ne prendraient pas le risque de le perdre au moment de la traversée, qui est périlleuse. Ils ont les moyens de le faire parvenir à destination par des voies détournées et beaucoup plus sûres ». Depuis le début de l’année, près de 3.500 personnes seraient mortes ou portées disparues lors de la traversée de la Méditerranée.