Réfugiés: l'UE cherche, difficilement, un «contrat de confiance» avec la Turquie

Réfugiés: l'UE cherche, difficilement, un «contrat de confiance» avec la Turquie

L'Union européenne cherche à mieux se coordonner avec ses voisins ...
© 2015 AFP

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L'Union européenne cherche à mieux se coordonner avec ses voisins pour répondre à la crise migratoire, en premier lieu avec la Turquie, dont le président a été reçu lundi à Bruxelles pour des négociations difficiles sur un «contrat de confiance mutuelle».

Pour l'UE, où quelque 630.000 migrants sont entrés illégalement depuis le début de l'année, l'objectif est de faire d'Ankara un partenaire afin de maîtriser, à défaut de le stopper, un flux de demandeurs d'asile sans précédent depuis 1945.

L'Europe «doit mieux gérer ses frontières», a concédé le président du Conseil européen, Donald Tusk, après un entretien avec le président Recep Tayyip Erdogan. Mais nous «attendons que la Turquie en fasse de même», a insisté M. Tusk.

L'UE a réitéré sa proposition d'une aide financière et a mis sur la table la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs voyageant en Europe. Il faut un «contrat de confiance mutuelle», a estimé la Commission européenne.

- Zone de sécurité -

«Si on veut régler le problème des réfugiés, il y a trois choses» à faire, a estimé M. Erdogan: «La première est d'abord d'entraîner et équiper» les forces rebelles modérées opposées au régime de Bachar al-Assad, «la deuxième est de décréter une zone de sécurité qui devrait être protégée du terrorisme et la troisième concerne une zone d'exclusion aérienne», a-t-il ajouté.

La «zone de sécurité» souhaitée par Ankara le long de sa frontière avec la Syrie, et pour laquelle les Européens se sont jusque-là montrés peu enthousiastes, nécessite «une décision du Conseil de sécurité de l'Onu», a prévenu le président du Parlement européen, Martin Schulz.

Moscou s'est prononcé contre la création d'une zone d'exclusion aérienne en Syrie telle que réclamée par la Turquie.

Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, un accord EU-Turquie pourrait notamment prévoir que la Turquie participe à des patrouilles conjointes avec les garde-côtes grecs dans l'est de la mer Egée, dans le cadre d'une action coordonnée par l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex.

Toujours d'après le journal allemand, les migrants arrêtés en tentant de rallier l'Europe seraient ramenés en Turquie, tandis que l'UE accepterait d'accueillir jusqu'à 500.000 personnes afin de leur permettre de gagner l'Europe en toute sécurité, sans avoir recours aux passeurs.

Mais les responsables européens n'ont pas évoqué lundi de mesures aussi concrètes. «Les discussions s'annoncent très difficiles», et il y a peu de chance pour qu'un accord sur un plan d'action soit conclu lundi, a confié un responsable européen. Des membres de la Commission se rendront «cette semaine» en Turquie afin de poursuivre les discussions.

- Tension turco-russe -

La Turquie a accueilli officiellement 2,2 millions de Syriens depuis le début de la guerre civile meurtrière qui déchire son voisin, a rappelé le président Erdogan.

Ce dernier est aussi venu chercher à Bruxelles l'appui de ses alliés de l'Otan et des hauts responsables européens dans le bras de fer qui se dessine à la frontière syrienne entre les aviations turque et russe. Moscou a lancé depuis mercredi des frappes en soutien au président syrien Bachar al-Assad.

Plusieurs incidents ont opposé des avions de chasse turcs et russes, alors que les deux pays ont des visions diamétralement opposées sur l'avenir d'Assad, l'ennemi juré d'Ankara qui réclame depuis des années son départ.

L'Otan a justement jugé lundi «extrêmement dangereuses» les incursions de l'aviation russe en Turquie et ses 28 membres se sont inquiétés des frappes aériennes de la Russie en Syrie «qui ont fait des victimes civiles et ne visaient pas» les jihadistes de l'Etat islamique.

Si la Turquie est un partenaire essentiel pour régler la crise migratoire, l'UE veut plus largement mettre sur pied une coordination avec tous les pays se trouvant sur la «Route des Balkans», qu'ont emprunté cette année plus de 400.000 demandeur d'asile en Europe, depuis la Syrie jusqu'aux frontières extérieures de l'Europe, selon l'ONU.

- 'Pression migratoire' -

Une réunion doit avoir lieu jeudi à Luxembourg entre les ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères de l'UE, de la Turquie, du Liban et de la Jordanie, ainsi que de ceux de l'Albanie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Macédoine, du Montenegro, de la Serbie et du Kosovo.

Tandis que s'ébauchent ces coopérations, le flux de migrants se poursuit vers l'Europe, avec son cortège de drames.

L'Allemagne, l'une des destinations principales des demandeurs d'asile, pourrait devoir accueillir jusqu'à 1,5 million de personnes en 2015, affirme lundi le quotidien allemand Bild. Mais le gouvernement allemand n'a pas confirmé ces chiffres.

Pour «gérer la pression migratoire», Frontex a exhorté les pays membres de l'UE à mettre à sa disposition 775 garde-frontières supplémentaires.

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