Elections en Grèce: Aube dorée mise sur la crise migratoire pour se raffermir
•"Dehors les étrangers", "La Grèce appartient aux Grecs" : Magdalini ...© 2015 AFP
«Dehors les étrangers», «La Grèce appartient aux Grecs» : Magdalini Flessa, drapeau grec à la main se joint au rassemblement électoral du parti néonazi Aube dorée mercredi soir, dans un quartier du centre d'Athènes, à moins d'un kilomètre d'un campement des migrants.
Accueilli par une ovation, des fusées éclairantes et des chants martiaux, Nikos Michaloliakos, le chef d'Aube dorée, souligne à la tribune avoir choisi délibérément de faire son meeting dans ce quartier où «les Grecs ont peur de circuler».
L'entrée en Grèce de plus de 230.000 migrants depuis le début de l'année - plus de dix fois plus que sur la même période de 2014 -, nourrit la rhétorique de l'extrême-droite, à trois jours des législatives anticipées grecques de dimanche.
«Si le gouvernement ne peut pas garder les frontières, qu'il s'en aille», lance Michaloliakos, appelant à «la protection des frontières par l'armée».
Mercredi, il n'y a que 500 manifestants autour du leader, mais Aube dorée, crédité de 5 à 7% des voix dans les sondages, n'en demeure pas moins le troisième parti grec, loin toutefois derrière Syriza (gauche radicale, parti du Premier ministre sortant Alexis Tsipras) et Nouvelle-Démocratie (droite).
«Les sympathisants ne participent plus aux rassemblements, ils ne veulent pas s'exposer», explique Magdalini Flessa, la quarantaine, pantalon et veste en jean, employée d'une société de sécurité.
Malgré les poursuites pénales contre Nikos Michaloliakos et l'ensemble des députés du parti pour crimes et violences racistes, Aube dorée «va se renforcer» dimanche car les Grecs pensent que «la direction est poursuivie pour ses idées», estime Antonis, un militant tout en noir, qui distribue des drapeaux grecs aux manifestants.
Aube dorée incarne «le désespoir et la déception des électeurs vis-à-vis les autres partis et se veut +le héros antisystème, chassé par un système corrompu+», analyse Manolis Alexakis, professeur de sociologie politique à l'Université de Crète.
Après 18 mois en détention provisoire - le maximum légal -, Nikos Michaloliakos et ses députés emprisonnés ont été remis en liberté conditionnelle en mars, quelques jours avant le début du procès du parti, qui est toujours en cours.
- «Patrie, honneur...» -
Ils sont poursuivis pour «constitution d'une organisation criminelle» après l'assassinat en septembre 2013, d'un militant antifasciste près d'Athènes par un membre du parti.
Depuis, ils font profil bas et rejettent le qualificatif de néonazi, s'affichant comme un «mouvement nationaliste».
Leur slogan principal «Patrie, honneur, Chryssi Avghi (Aube dorée en grec, ndrl)» a remplacé celui de «Sang, honneur, Chryssi Avghi», plus agressif. Ils sont toutefois toujours exclus des débats télévisés sur ces élections.
Mais dans ce quartier de la place Victoria où se tient le rassemblement, le parti espère trouver un écho auprès des habitants.
«Le chiffre d'affaires de mon magasin a chuté de 60% ces derniers jours, les gens évitent de passer par le quartier», assure Panagiotis, propriétaire d'un magasin de photo près de cette place où des dizaines de familles afghanes, bébés dans les bras, campent depuis plusieurs jours.
Assis ou allongés sur des couvertures, des bâches ou des cartons étalés par terre, ils attendent, certains depuis des jours, de trouver un billet d'autocar ou de train pour continuer leur odyssée vers la frontière greco-macédoine et l'Europe occidentale.
Tassos Boubalos, employé du kiosque de la place, se plaint «des conditions d'hygiène ignobles».
«Ca pue partout. Les pays occidentaux, surtout la France et l'Allemagne, sont responsables de cette misère, la Grèce n'est pas protégée de l'invasion des migrants», lance-t-il.
«Tout est sale, il faut que les autorités fassent quelque chose pour nous», déplore d'ailleurs Abolfazl Imbrahimi, un jeune Afghan de 17 ans, déterminé à poursuivre sa route pour rejoindre son oncle en Finlande.
«La situation s'aggrave, il nous faut un gouvernement plus sérieux comme la droite qui enverra les migrants à un rythme plus rapide vers d'autres pays en suivant l'exemple de l'Allemagne, et fermera la frontière», lance un passant, Thanassis Bourgas, 46 ans, qui s'apprête plutôt à voter Nouvelle Démocratie.