DISCRIMINATIONIran: Il empêche son épouse de participer à une compétition de football en salle

Iran: Il empêche son épouse de participer à une compétition de football en salle

DISCRIMINATIONLa sportive demande une loi permettant aux femmes de défendre leurs droits dans de telles circonstances...
Céline Boff

C.B. avec AFP

«Mon mari ne m’a pas donné mon passeport pour participer à la compétition. » Niloofar Ardalan, une sportive iranienne de haut niveau, ne décolère pas. Elle a beau être la capitaine de l’équipe nationale de football en salle, elle ne pourra pas participer aux championnats asiatiques de futsal qui se dérouleront du 21 au 26 septembre en Malaisie.

Son mari refuse qu’elle quitte le pays et la loi iranienne n’autorise pas une femme à sortir du territoire sans cette permission. Elle a précisé que son époux, commentateur sportif, ne souhaitait pas qu’elle quitte le pays au moment de la rentrée scolaire de leur fils de 7 ans.

« Ça ne regarde pas les autres »

Niloofar Ardalan a affirmé qu’en tant que « femme musulmane », elle souhaitait « porter haut le drapeau » de son pays, ajoutant : « Je n’y allais pas pour m’amuser ». « Je souhaite que les autorités passent une loi pour les sportives afin que nous puissions défendre nos droits dans de telles circonstances », a-t-elle dit.

Plusieurs femmes ont pris sa défense sur les réseaux sociaux. « Faire connaître cela en Iran, c’est très courageux », a ainsi écrit une internaute sur une page Facebook d’un réseau de défense des droits de la femme. Une autre, Samaneh, a accusé le mari de la sportive « d’enlever à un être humain le droit de vivre sa propre vie ».

Face à l’ampleur de la polémique, Niloofar Ardalan s’est ensuite déclarée « désolée que des médias anti-Révolution (islamique) aient exploité » son histoire, soulignant qu’il s’agit d’une affaire privée. « Je voulais seulement évoquer mon problème pour qu’on trouve une solution », a-t-elle affirmé à Nasim. « Ça ne regarde pas les autres ».

Les pays émergents offrent plus de pouvoir aux femmes que l'Occident

Une situation complexe

Les femmes en Iran restent victimes de discriminations et doivent porter le voile islamique. Mais elles ont le droit de vote et beaucoup vont à l’université, travaillent, conduisent ou occupent des postes gouvernementaux importants.

Plusieurs ont été ministres et parmi les douze vice-présidents iraniens, trois sont des femmes : Massoumeh Ebtekar, chargée de l’Environnement, Elham Aminzadeh, chargée des Affaires juridiques, et Shahindokht Molaverdi, chargée des affaires familiales et des femmes.

En juin, cette dernière avait vivement critiqué les groupes radicaux hostiles à la présence des femmes dans les stades au lendemain d’un match de volley-ball symbolique entre l’Iran et les Etats-Unis à Téhéran.