MIGRATIONSVIDEO. La Hongrie a fermé sa frontière provoquant le désespoir des réfugiés

VIDEO. La Hongrie a fermé sa frontière provoquant le désespoir des réfugiés

MIGRATIONSLes policiers ont bloqué la voie de chemin de fer, principal point de passage vers l'Eldorado l'Union européenne
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Des enfants et des femmes en pleurs. Des hommes désabusés qui tentent de les consoler, sans succès. La Hongrie a fermé lundi sa frontière, provoquant le désespoir de centaines de migrants fuyant des zones de conflit comme la Syrie, l'Irak et l'Afghanistan.



Bras croisés sur la poitrine, une quinzaine de policiers hongrois se sont installés en travers de la voie ferrée empêchant l'accès vers la Hongrie depuis la Serbie. Il s’agit du principal point de passage, à Röszke, vers l'Eldorado de l'Union européenne.

«On avait entendu que les Hongrois voulaient fermer leur frontière mais on nous disait que ça allait se passer mardi», regrette Hassan, un Syrien d'une trentaine d'années, originaire d'Alep, souhaitant se rendre en Suède.

« Premières interpellations de #migrants pour passage illégal de la #clôture barbelée à la frontière Serbie-#Hongrie pic.twitter.com/OA0kQScadN — Jérôme Jadot (@jeromejadot) 15 Septembre 2015 »

Des enfants dans des poussettes, des vieillards en chaise roulante

Casques et matraques attachés à la ceinture, vêtus d'uniformes bleus, les policiers sont impassibles. Personne ne passera plus. D'autres tendent des fils de fer en travers de la voie. Les policiers ont été rapidement rejoints par plusieurs dizaines de collègues, certains à cheval, ainsi que par des militaires en treillis, tandis que des hélicoptères survolaient la zone.

Depuis la mise en place par Budapest d'une clôture de barbelés sur les 175 km de la frontière serbo-hongroise, le passage par la voie ferrée de Röszke, large d'une quarantaine de mètres, était devenu le seul point de transit de la quasi-totalité des migrants pénétrant en Hongrie.

Lundi soir, la frontière était bien étanche et la voie ferrée était bloquée à l'aide d'un wagon auquel on avait attaché un large cadre métallique couvert de barbelés. Des réfugiés, dont des femmes et des enfants dans des poussettes, voire des vieillards en chaise roulante, continuaient à arriver par dizaines à la frontière.

Un homme âgé, épuisé et fragile, est porté dans les bras, comme un enfant, par un jeune. Il le dépose par terre devant les policiers intraitables. Seule concession, une pause de cinq minutes. Deux interprètes arabophones travaillant pour les autorités hongroises conseillent aux migrants d'emprunter un sentier de terre qui longe la clôture érigée côté hongrois.

Ils arrivent à un poste-frontière officiel, situé à 2 km à l'ouest. Ici, à l'issue du no man's land juste avant le territoire hongrois, un grillage métallique bloque les deux voies généralement empruntées par les voitures.

Des réfugiés autorisés à passer au compte-goutte

Un couloir, large d'à peine un mètre et long d'une cinquantaine de mètres, a été improvisé, entre des blocs de pierre et une clôture métallique. Ici s'entassent les migrants qui sont autorisés à entrer au compte-gouttes en Hongrie, pays membre de l'UE qui met en œuvre mardi une nouvelle législation destinée à rendre sa frontière avec la Serbie infranchissable pour les migrants.

L'atmosphère était plutôt calme mais des disputes éclataient occasionnellement entre réfugiés impatients de pouvoir entrer en Hongrie. Selon une employée du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), une fois en territoire hongrois, les réfugiés sont transportés par autobus à la gare de Röszke.

«Un train avec beaucoup de wagons attend de partir. Il y a aussi treize autobus qui attendent et d'autres qui continuent d'arriver», a-t-elle dit, estimant, sans en avoir la confirmation, que la destination finale était la frontière avec l'Autriche.

A la tombée du jour, environ un millier de réfugiés avaient franchi le passage officiel. Des centaines d'autres s'entassaient du côté serbe de la frontière et d'autres continuaient à affluer. Deux policiers serbes observaient de loin la situation sans intervenir, les autorités de Belgrade ayant décidé de faire profil bas depuis le début de la crise migratoire.