Asile: l'UE durcit les règles d'accueil des migrants et impose une sélection

Asile: l'UE durcit les règles d'accueil des migrants et impose une sélection

Enregistrement, identification, sélection, renvoi : les dirigeants ...
© 2015 AFP

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Enregistrement, identification, sélection, renvoi : les dirigeants de l'Union européenne, réunis en sommet jeudi à Bruxelles, vont durcir les conditions d'accueil des migrants à leur arrivée dans l'UE pour tenter de désamorcer une crise qui met en danger la libre circulation dans l'espace Schengen.

«Nous devons trouver un consensus sur un mécanisme dans lequel chacun apporte sa contribution pour prêter assistance aux pays en première ligne face à l'afflux de migrants», a expliqué mercredi un responsable européen.

Plus de 100.000 personnes sont clandestinement entrées dans l'UE depuis le début de l'année par la Méditerranée ou par la Turquie, selon l'agence européenne Frontex.

La Commission européenne veut imposer aux États de se partager la prise en charge de 40.000 demandeurs d'asile originaires de Syrie et d’Érythrée arrivés en Italie et en Grèce depuis le 15 avril, et a proposé à cette fin des critères de répartition.

Mais la mesure divise. «L'idée de quotas imposés par Bruxelles ne peut pas marcher. Il n'y a pas et il n'y aura jamais de consensus pour un mécanisme obligatoire», a affirmé mercredi un autre responsable européen. «Une douzaine de pays sont contre et une douzaine contestent la clef de répartition», a-t-il soutenu.

«La Commission européenne a sous-estimé la capacité de résistance d'un bloc d'Etats et l'idée de faire procéder à un vote a braqué de nombreuses capitales», explique-t-on dans les délégations. La Pologne, pays natal du président du Conseil européen Donald Tusk, et l'Espagne sont les deux grands pays à la tête de l'opposition à ce projet.

«La question est très sensible. Juridiquement, on peut procéder à un vote à la majorité qualifiée, mais ce sera difficile politiquement d'imposer à des pays une mesure qu'ils contestent», avertit un haut responsable européen.

Aucune obligation ne figure dans le projet de conclusions qui sera soumis jeudi aux dirigeants européens et dont l'AFP a obtenu une copie. Les chefs d'Etat ou de gouvernement sont seulement appelés à «donner leur accord à la relocalisation sur deux ans de 40.000 personnes arrivées en Italie et en Grèce et ayant besoin d'une protection provisoire».

La répartition sera discutée par les ministres de l'Intérieur les 9 et 10 juillet à Luxembourg. Elle doit être effective à la fin du mois de juillet.

- Centres de tri -

La Hongrie demande comme Rome et Athènes à bénéficier de cette solidarité et a menacé de suspendre l'application d'un règlement sur l'asile pour obtenir gain de cause.

«La globalité doit inclure la Hongrie qui est confrontée à un afflux de réfugiés équivalent à celui en Italie», a souligné un diplomate. «Mais rien ne justifie des mesures unilatérales et les conclusions du sommet devraient réaffirmer l'obligation de respecter les règles», a-t-il confié.

«Il est impératif de trouver une réponse européenne, sinon les mesures unilatérales risquent de démanteler le règlement (dit) de Dublin, contesté en Italie et dans d'autres pays, et met en péril Schengen», a averti un haut responsable. Ce règlement impose le traitement des demandes d'asile par le pays d'entrée des migrants.

Le mécanisme proposé aux dirigeants européens prévoit la création de centres de tri financés par l'UE dans les pays d'arrivée pour enregistrer et identifier les migrants. «Cela va permettre de distinguer ceux qui relèvent de l'asile en Europe de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière, et d'organiser le retour des migrants en situation irrégulière», a récemment expliqué le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Une fois qu'il aura été procédé à l'identification, la relocalisation de 40.000 de ces demandeurs d'asile sera possible dans les autres Etats membres.

«Il s'agit d'un mécanisme d'urgence à caractère provisoire et exceptionnel», insiste le projet de conclusions.

La Commission a refusé de commenter le projet de conclusions, mais maintient ses propositions . «La solidarité n'est pas volontaire. Cela ne peut pas marcher», martèle le commissaire aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos.

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