Cette photo de migrants arrivant sur l’île de Kos a fait le tour du monde
ZOOM•Le cliché pris samedi dernier par le photojournaliste allemand freelance Daniel Etter est bouleversante...Bérénice Dubuc
Légendée dans de multiples langues. D’abord en anglais, mais aussi en espagnol, en allemand, en flamand, en italien, en norvégien, et bien sûr en français. La photo de Laith Majid, un réfugié syrien qui pleure de joie en serrant contre lui son fils et sa fille après avoir atteint l’île grecque de Kos, a fait cette semaine le tour du monde -d’abord sur les réseaux sociaux et ensuite dans les médias.
Le cliché, qui met un visage et un nom sur les plus de 158.000 migrants arrivés en Grèce depuis le début de l’année, selon les chiffres du HCR, a d’abord été publié dans un diaporama sur le site du New York Times, qui raconte cette traversée périlleuse de la Méditerranée, avant de tenter de rejoindre d’autres pays européens. Le New York Times indique en légende : « Laith Majid, un réfugié syrien de Deir Ezzor, pleure de joie en serrant contre lui son fils et sa fille, après être arrivé en sécurité à Kos. Le groupe a traversé la mer en provenance de la station balnéaire turque de Bodrum sur un fragile bateau en caoutchouc surchargé avec une quinzaine d’hommes, femmes et enfants. »
Comme le montre le site News.com.au, les photographies de migrants arrivant en famille en Grèce ne sont pas rares. Mais celle-ci a particulièrement fait parler d’elle : publiée dans toutes les langues sur les réseaux sociaux, elle a suscité de nombreuses réactions, beaucoup d’internautes s’identifiant à ce père simplement heureux d’avoir sauvé ses enfants.
« To those who attack 'migrants' online. Look at this man, fleeing war in Syria, cradling his children. And rethink. pic.twitter.com/1pXEIGStvN — Barry Malone (@malonebarry) August 16, 2015 »
Salvar a tus hijos no puede ser ilegal. Sirios tocando tierra griega. Foto de Daniel Etter. pic.twitter.com/eArik198lp
— Miguel A. Rodríguez (@Marodriguez1971) August 17, 2015 % 5etfw" target = "_blank">
« Salvar a tus hijos no puede ser ilegal. Sirios tocando tierra griega. Foto de Daniel Etter. pic.twitter.com/eArik198lp — Miguel A. Rodríguez (@Marodriguez1971) August 17, 2015 »
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L’image a été prise par le photojournaliste allemand freelance Daniel Etter, 34 ans, basé à Barcelone (Espagne), qui a lui-même réagi sur Twitter : « Je suis bouleversé par les larmes de soulagement de cette famille. C’est pour cela que je fais ce que je fais ».
« I am overwhelmed by the reaction to this family’s tears of relief. This is why I do what I do. http://t.co/guDhQ2w5QU pic.twitter.com/Gu31bKDLMA — Daniel Etter (@DanielEtterFoto) August 17, 2015 »
Il a ajouté sur sa page Facebook : « Je ne suis pas quelqu’un qui s’émeut facilement, mais le père, Laith Majid, et sa réaction quand lui et sa famille atteignent la Grèce me fait encore pleurer. »
I might not be the most emotional person, but the father, Laith Majid, and his reaction when he and his family reached Greece still makes me cry.
Posted by Daniel Etter on Sunday, August 16, 2015
I might not be the most emotional person, but the father, Laith Majid, and his reaction when he and his family reached Greece still makes me cry.
Posted by Daniel Etter on Sunday, August 16, 2015
I might not be the most emotional person, but the father, Laith Majid, and his reaction when he and his family reached Greece still makes me cry.
Posted by Daniel Etter on Sunday, August 16, 2015
Dans une interview au Spiegel, il a indiqué que son émotion était venue « après », quand il a « regardé la photo à nouveau ». Il dit n’avoir jamais été « aussi touché » par une photo auparavant, bien qu’il a photographié « de nombreuses scènes chargées d’émotion ». Cette fois-ci, il se trouvait sur l’une des plages de Kos samedi dernier vers 4h30 du matin, après avoir constaté que des embarcations de fortune peuplées de réfugiés y accostaient au lever du soleil.
Il a vu et photographié l’arrivée de « ce petit bateau [qui] contenait 12 personnes, même s’il n’avait été conçu que pour 3 ou 4 ». « Après plus de 2 heures de traversée, le bateau s’était en partie dégonflé, il y avait de l’eau à l’intérieur, et les réfugiés étaient trempés quand ils sont arrivés sur la rive », a expliqué le reporter. « Ils ne m’ont pas vu tout de suite. A ce moment-là, tout leur est tombé dessus en même temps : la joie de l’avoir fait, l’amour qu’ils portent à leur famille, la douleur de ce qui leur est arrivé auparavant. »
Daniel Etter a ensuite discuté avec eux. La famille de Laith Majid vient de Deir Ezzor, ville syrienne prise dans la bataille entre islamistes et armée d’Assad. L’homme ne parle pas un mot d’anglais, mais sa femme était professeur d’anglais. Elle lui a raconté leur périple. « Tant que cela a été, en quelque sorte, ils sont restés. » Mais ils ont finalement fui leur pays deux semaines avant d’arriver à Kos.
Selon Buzzfeed, Laith Majid a payé 6.500 dollars (5.820 euros) pour monter sur le bateau et effectuer la traversée. « Ils ont obtenu une réduction pour la famille », composée des parents, de leurs trois fils et de leur fille. Le photographe a indiqué qu’il les avait revus plus tard à Kos. Ils s’étaient installés « dans une simple tente sur la promenade de la plage » et voulaient se rendre sur l’Eleftherios Venizelos, un ferry mis à la disposition des réfugiés syriens, mais qu’il ignore s’ils y étaient finalement allés.
Ensuite, ils espéraient pouvoir s’installer « dans un endroit où leurs enfants pourront vivre en toute sécurité. Ils voulaient aller en Allemagne ».