On a officiellement atteint le point Godwin de l’avortement. Depuis 48 heures, les ultra-conservateurs américains tentent d’utiliser la mort du lion Cecil comme levier médiatique pour faire la promo d’une fausse polémique sur l’interruption volontaire de grossesse. Le rapport ? Aucun. Mais ça ne les empêche pas d’essayer.

« Regardez toute cette indignation devant la mort d’un lion, mais où est l’indignation sur les bébés morts de Planned Parenthood ? » (la principale organisation du Planning familial US, ndr), a notamment tweeté le candidat à l’investiture, Marco Rubio.

« Look at all this outrage over a dead lion, but where is all the outrage over the planned parenthood dead babies. — Marco Rubio (@marcorubio) July 29, 2015 »

Son compère Mike Huckabee va plus loin : « Que tant de médias nationaux soient davantage préoccupés par le lion Cecil que par Planned Parenthood tuant des bébés pour récolter leurs organes est inadmissible. »

« That many in the national media are more concerned with #CecilTheLion than @PPact killing babies to harvest their organs is unconscionable. — Gov. Mike Huckabee (@GovMikeHuckabee) July 28, 2015 »

Breitbart, The Blaze, Hot Air, Rush Limbaugh… Tous les blogueurs conservateurs hurlent à l’unisson et pensent tenir le Watergate de l’avortement, qui fera tomber le Planning familial. « OMG, un dentiste a tué Mufasa. Et sinon, les démocrates forcent les contribuables à financer le meurtre de centaines de milliers de bébés chaque année », tweete encore Ben Shapiro.

Des vidéos filmées en caméra cachée et éditées

La polémique ne tombe pas complètement du ciel. Depuis la mi-juillet, une organisation anti-avortement, le Centre pour le progrès médical, diffuse au compte-gouttes des vidéos filmées en caméra cachée. Le groupe a piégé plusieurs cadres de Planned Parenthood en se faisant passer pour des scientifiques. Ils discutent, entre deux gorgées de vin, de la recherche médicale utilisant des tissus prélevés sur des fœtus avortés.

Le titre de la vidéo ? « Planned Parenthood utilise des avortements pour vendre des pièces détachées de bébés. » Sauf que comme le soulignent l’organisation et FactCheck.org, le tarif de 30 à 100 dollars discuté couvre la procédure et le transport des tissus, ce qui est parfaitement légal. « Ni Planned Parenthood ni les mères ne profitent financièrement » de la transaction, martèle sur toutes les chaînes la présidente de l’organisation, Cecile Richards. Selon elle, le don de tissus n’a lieu qu’avec l’accord de la mère. Ça n’empêche pas le républicain Ted Cruz de demander « le démantèlement » de l’organisation.