Vol MH370: Les cinq questions que pose le débris d’avion retrouvé
CATASTROPHE•Les enquêteurs analysent actuellement le morceau dd'avion retrouvé mercredi sur l'île de la Réunion...Nicolas Beunaiche
Après un an et demi d’attente, les familles des disparus du vol MH370 pourraient bientôt avoir une réponse à la question qui les hante : qu’est-il advenu du Boeing 777 de la Malaysia Airlines évanoui le 8 mars 2014 ? Leur motif d’espoir : la découverte d’un débris retrouvé mercredi sur l’île de la Réunion. 20 Minutes fait le point sur ce que l’on sait de cette pièce.
>> Suivez les derniers événements en direct par ici
De quelle partie d’un avion provient le débris ?
La piste privilégiée par les enquêteurs malaisiens mène au flaperon d’un appareil, a indiqué le vice-ministre malaisien des Transports, Abdul Aziz Kaparvi. Soit un petit volet en bordure des ailes d’avion que les pilotes actionnent au décollage ou à l’atterrissage. Une hypothèse très crédible, pour la plupart des experts en aéronautique. « Pour moi, c’est très certainement un bord de fuite d’un flaperon », explique ainsi Bertrand Vilmer, qui n’exclut toutefois pas totalement qu’il s’agisse d’un morceau d’empennage (le T à l’arrière de l’avion).
Le débris provient-il d’un Boeing ?
L’immense majorité des experts privilégient en tout cas un gros avion. Airbus ou Boeing ? Telle est la question. Ce jeudi, le Premier ministre malaisien a expliqué que le débris venait « très probablement » d’un Boeing 777. Sur son blog et son compte Twitter, un autre expert en sécurité aérienne, Xavier Tytelman, a quant à lui relevé des « similitudes incroyables entre le flaperon d’un B777 et le débris retrouvé », plans à l’appui. Mais Bertrand Vilmer n’écarte cependant pas la piste d'un gros porteur d’Airbus.
« Similitudes incroyables entre le flaperon d'un #B777 et le débris retrouvé ce matin à #LaReunion... #MH370 ? pic.twitter.com/GDkzRLwi2h — Xavier Tytelman (@PeurAvion) July 29, 2015 »
Dans la discussion, une seule voix a fait entendre un autre son de cloche : celle de Christophe Naudin, qui a assuré au site linfo.re que les premières photographies le faisaient « plutôt penser à un morceau d’aile gauche d’un avion léger ». « Il pourrait s’agir d’un bi-moteur léger que je ne serais pas surpris », a-t-il précisé.
Comment une partie du Boeing de la Malaysia Airlines aurait-elle pu se retrouver là ?
« Le fait que l’on retrouve des débris à la Réunion ne signifie pas que le MH370 ait été si loin », a clarifié Xavier Tytelman. « En s’abîmant au large de l’Australie, ses débris ont simplement pu être balayés par le courant, et s’échouer à cet endroit au bout d’un an », indique-t-il. Ce que l’expert Ronan Hubert schématise en évoquant « la théorie de la bouteille à la mer ». Dans l’hypothèse où le débris appartient au B777 de la Malaysia Airlines, la date et le lieu de sa découverte font d’ailleurs tout à fait sens, compte tenu des courants dans l’océan Indien, estime l’océanographe Robin Robertson, cité par Reuters. Le Daily Mail Australia en fait la preuve sur une carte. Rien ne dit en revanche que d’autres pièces du B777 pourraient être retrouvées dans la même zone. « Si une pièce flotte, c’est qu’elle est relativement légère, analyse Ronan Hubert. On pourrait donc en retrouver d’autres du même type à des milliers de kilomètres de là… »
« Map from one year ago eerily predicts MH370 wreckage would arrive in La Reunion http://t.co/21VCq5jTRA pic.twitter.com/wqKZgLu0Fk — Daily Mail Australia (@DailyMailAU) July 30, 2015 »
Que peut dire le débris des circonstances du crash ?
Pas grand-chose. Si le débris retrouvé semble en bon état, ce détail ne fournit pas d’information aidant à la compréhension de ce qui est arrivé à l’avion auquel il appartenait. « Ce qui est sûr, puisque la pièce n’est pas calcinée, c’est que l’appareil ne provient pas d’un appareil qui a brûlé au sol », avance Bertrand Vilmer, comme une évidence. En clair, la pièce a très bien pu se détacher quand l’avion a explosé en l’air ou en percutant la mer. « Son analyse donnera simplement des éléments sur son éventuelle déformation, et donc sur l’impact, à défaut de nous dire les causes du crash », ajoute l’expert. « Seules les boîtes noires et les données de l’avion » peuvent expliquer les circonstances d’un tel accident, complète Ronan Hubert.
Si ce n’est pas le vol MH370, alors de quel avion proviendrait le débris ?
Les experts aéronautiques évoquent deux autres hypothèses. La première conduit à l’Airbus 310 de la compagnie Yemenia, accidenté en 2009 au large des Comores, au nord-ouest de la Réunion. L’avion s’était abîmé en mer avant son atterrissage de nuit à l’aéroport de Moroni avec à bord 153 passagers et membres d’équipage, dont de nombreux Comoriens et Français d’origine comorienne. La seconde mène à un bimoteur qui s’est écrasé en 2006 au sud de la Réunion avec quatre personnes à bord. Une piste toutefois peu probable, selon les experts, compte tenu de la taille et du type de pièce retrouvée.