DIPLOMATIEDéfilé du 14-Juillet: La venue du président mexicain fait grincer des dents

Défilé du 14-Juillet: La venue du président mexicain fait grincer des dents

DIPLOMATIEPlusieurs associations demandent à Hollande d'aborder la question des Droits de l'homme...
Lison Lagroy

Lison Lagroy

Tous les ans, un pays est l’invité d’honneur du 14-Juillet, la Fête nationale française. Cette année c’est Enrique Peña Nieto, président constitutionnel du Mexique, et son armée, qui participeront au défilé. Ce qui est bien loin de plaire à tout le monde.

Le président de la République François Hollande avait rendu publique son invitation en avril 2014, lors de sa visite d’Etat au Mexique. Si cette année les commémorations se feront en l’honneur des 7.000 militaires français mobilisés de façon permanente pendant les attentats de janvier et des opérations extérieures (Barhane au Mali, Sangaris en Centrafrique et Chammal en Irak), ce sera aux forces armées mexicaines de défiler en premier.

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Des actes qui « ne peuvent rester impunis »

Néanmoins, la participation du Mexique a ses festivités n’est pas du goût de tous : l’ONG chrétienne Acat contre la torture et la peine de mort, soutenue par Amnesty International France (AIF) et le Collectif Paris-Ayotzinapa, s’est fendu d’un communiqué où ils appellent « le président Hollande à placer les Droits de l’homme au cœur de sa rencontre avec Enrique Peña Nieto ». La raison : de « très nombreuses victimes de torture et de disparition forcée ces dernières années », « faits graves qui engagent la responsabilité du président mexicain ». Ces associations cherchent à interpeller François Hollande pour qu’il « fasse respecter les droits de l’homme au Mexique et dans l’enquête concernant les 43 étudiants disparus le 26 septembre 2014 ».

Pour Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France, « ces actes ne peuvent rester impunis » alors qu’ils semblent courants dans le pays. Entre 2010 et fin 2013, la Commission nationale des droits de l’homme mexicaine a reçu plus de 7.000 plaintes pour torture et autres mauvais traitements. De plus, le Mexique comptabilise 46.000 disparus depuis quatre ans.

Une pétition contre cette invitation a également été remise à l’Elysée par cle Collectif Paris-Ayotzinapa, après la visite des proches des 43 disparus. Plusieurs associations, collectifs, universitaires, artistes et figures politiques du Mexique, de France (dont José Bové) et d’autres pays dénoncent la présence de cet invité d’honneur. Requête compliquée au regard des relations entre la France et le Mexique : en 2014, les échanges commerciaux entre Paris et Mexico avaient marqué un record de 4,2 milliards d’euros et la gendarmerie française a participé l’année dernière à la formation d’un corps de gendarmerie mexicaine.

Après Paris, Marseille

La présence du président mexicain se déroulera sur plusieurs jours : François Hollande se rendra également à Marseille le mercredi 15, pour accompagner Enrique Peña Nieto et sa femme. Au programme : visite de la chaîne de montage des Super Puma d’Airbus Helicopters, Survol du Parc national des Calanques en hélicoptère, visite du navire école Le Cuauhtémoc, oblitération des timbres des Postes mexicaine et française célébrant le souvenir de Gilberto Bosques au MuCem et dîner officiel. Les deux pays avaient déjà discuté d’un achat éventuel d’une dizaine d’hélicoptères ce qui avait entraîné la construction d’une usine d’assemblage d’Airbus de 12.000m² dans l’état du Queretaro.

A cause de Vigipirate, le défilé du 14 juillet sera raccourci

Comme le veut la tradition, après les honneurs rendus au Président de la République et l’animation d’ouverture, le défilé débutera par un show aérien par l’Armée de l’air, suivi du défilé des troupes à pieds, qui rassemblera près de 3.750 participants. 241 chevaux de la Garde républicaine clôtureront le défilé. Des chiffres impressionnants, mais moins que d’habitude : la cérémonie sera amputée de près de 300 hommes et d’un quart des véhicules. Un défilé « réduit, mais pas au rabais » insiste le général Hervé Charpentier, gouverneur militaire de Paris.