Etats-Unis: Qui est Bernie Sanders, le challenger d’Hillary Clinton à la primaire démocrate?
POLITIQUE•A 73 ans, ce «socialiste» démocrate fait figure d'outsider...Thibaut Le Gal
Il est l’homme qui monte. A 73 ans, Bernard Sanders, dit Bernie, fait figure d’outsider derrière la favorite Hillary Clinton pour les primaires démocrates. Dans un récent sondage réalisé par l’université Quinnipiac dans l’Iowa, le sénateur du Vermont récolte 33 % des suffrages démocrates, contre 52 % pour l’ancienne première dame. En mai dernier, il obtenait seulement 15 % des voix (contre 60 %). 20 Minutes dresse le portrait de ce candidat à la Maison Blanche à l’ascension fulgurante.
« .@BernieSanders surges in polls, poses challenge to @HillaryClinton. @juliannagoldman reports : http://t.co/dzA6pGX8F4 pic.twitter.com/7T6ygKORwY — CBS Evening News (@CBSEveningNews) July 8, 2015 »
Un « socialiste » revendiqué
Un ovni dans la classe politique américaine. Né de parents juifs polonais à Brooklyn, Bernie Sanders devient maire de Burlington dans le Vermont en 1981. L’ancien charpentier se fait élire au Congrès en 1990 puis au Sénat en 2006 sous l’étiquette « indépendant ». Il est le seul parlementaire américain à se revendiquer… « socialiste ». Un mot tabou au pays qui a vu naître le McCarthysme et Wall Street.
S’il siège avec les Démocrates, Bernie Sanders tient depuis toujours un discours bien plus à gauche que ses partenaires. « Je crois à un certain égalitarisme, c’est-à-dire à une juste redistribution des richesses. Je crois que tout le monde a droit à un niveau de vie décent et à un système de santé. Je crois que nous avons une responsabilité morale par rapport à l’environnement. Je crois que la guerre n’est qu’un dernier recours », expliquait-il au Monde en 2008. Qualifié de « gauchisme » ou d’« extrémisme » par ses détracteurs, l’homme est plutôt partisan d’une social-démocratie à l’américaine.
Son ennemi, c’est la finance
« Les Américains en ont ras le bol d’une économie où 99 % de tout l’argent va dans les poches des 1 % les plus riches », explique-il. « Ils veulent changer fondamentalement un système politique qui permet aux milliardaires d’acheter les élections ». Inégalités de revenus, financement électoral, changement climatique, congés maladie payés, augmentation de l’impôt sur les riches et les entreprises, universités publiques gratuites, régulation de la finance et des banques… Son discours touche la classe moyenne américaine, frappée par le déclassement. « Ils veulent un changement fondamental pour que l’Etat serve les Américains ordinaires, et pas seulement les milliardaires », résumait le septuagénaire au journal USA Today.
L’anti-Clinton
Des cheveux blancs hirsutes et une allure voutée de grand-père : Bernie Sanders n’a pas vraiment le physique attendu d’un candidat à la Maison Blanche. Lui se félicite de n’avoir ni consultant surpayé à son service, ni grosse infrastructure de campagne comme ses adversaires Jeb Bush ou Hillary Clinton. « La plupart des gens en Amérique n’ont jamais entendu parler de Bernie Sanders. Plus de 90 % des Américains connaissent Hillary Clinton », ironisait-il à USA Today.
Sa fierté ? Ne pas dépendre de comités spéciaux capables de recueillir des dons illimités, et dont profitent les grands candidats pour contourner les restrictions légales. « Elle aura absolument plus de moyens que moi. Mais je pense que nous pourrons lever des montants significatifs grâce à des petites contributions individuelles ». Son équipe espère récolter 40 à 50 millions de dollars d’ici la primaire du New Hampshire, début 2016.
Un adversaire crédible pour Hillary Clinton ?
« Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, nous sommes très nombreux », s’amusait Bernie Sanders devant 7.500 personnes à Portland dans le Maine il y a trois jours. Depuis son entrée en campagne, ses meetings attirent plusieurs milliers de personnes, battant des records d’audience.
« J’étais vraiment surpris. Nous avons eu beaucoup, beaucoup de monde, très enthousiastes », indiquait à l’AFP le sénateur indépendant. Bien installé à la deuxième place au niveau national avec 12 % des intentions de vote des démocrates, il reste encore loin des 59 % d’Hillary Clinton, selon la moyenne des sondages calculée par le Huffington Post.
Son score devrait lui permettre de participer aux débats télévisés des primaires. Il pourrait alors pousser la favorite des sondages à se positionner sur des sujets chers à l’aile gauche des démocrates, comme le projet d’oléoduc Keystone XL, honni par les écologistes, et qui fut autrefois de la responsabilité de la secrétaire d’Etat.