DECRYPTAGESéisme au Népal: Les difficultés auxquelles se heurtent les ONG

Séisme au Népal: Les difficultés auxquelles se heurtent les ONG

DECRYPTAGEAprès la catastrophe meurtrière de samedi, l’heure est au déploiement pour les équipes de secours internationales...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

Au lendemain du séisme qui a fait près de 2.400 morts et plus de 6.000 blessés samedi au Népal, l'aide internationale se met en place: plusieurs pays ont annoncé le déblocage de fonds ou l'envoi d’équipes et de matériel de secours, et les organisations humanitaires s’organisent pour fournir leur assistance aux survivants. Objectif: intervenir le plus vite possible, même si les défis techniques et logistiques sont nombreux.

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«Le transport est le premier», explique Philippe Besson, président de l'association Pompiers de l'urgence internationale, qui a envoyé une équipe de 15 personnes, dont 12 spécialistes en sauvetage et recherche de victimes comprenant 6 maîtres-chiens. Pour arriver à Katmandou, dont l’aéroport a été fermé pour raisons de sécurité, mais aussi pour atteindre les régions rurales coupées du monde par des routes impraticables, «nous avons prévu du matériel transportable dans une voiture, ou au pire sur un âne ou une mobylette.» Car sur ce type de terrain montagneux, il n’existe souvent qu’une seule route pour relier plusieurs vallées, souligne Philippe Besson. «Et, si elle est endommagée, il faut pouvoir être mobiles et passer le plus vite possible.»

Les secouristes ne doivent pas être une «charge»

Autre défi: l’activité sismique. «Il faut éviter le risque de suraccident -des bâtiments déjà ébranlés par le séisme pourraient en cas de répliques s’effondrer sur les secouristes», indique Gilbert Potier, directeur des opérations internationales de Médecins du monde. «On n’entre pas dans un bâtiment en partie effondré sans mesures de protection et de sécurité pour les sauveteurs quand il y a déjà eu plus de vingt répliques», abonde Philippe Besson, qui souligne que les secouristes ne doivent pas être une «charge» pour le pays auquel ils viennent en aide. «Cela signifie aussi que nous devons pouvoir héberger, nourrir et fournir nos équipes en eau potable, et même être en capacité de pouvoir les soigner si besoin.»

D’autant plus dans un pays comme le Népal, où les structures médicales sont peu développées, et risquent d’être vite saturées: «L’un des hôpitaux de Katmandou a été détruit, alors que le système de santé en place doit traiter les blessés, du plus grave au plus léger, et assurer en même temps les soins de routine», souligne Gilbert Potier.

«On s’attendait à ce type de catastrophe»

Et certaines ONG se tiennent prêtes à assister les services médicaux. «Nos équipes vont être déployées aux côtés des équipes locales, dans les structures qui existent déjà, pour les appuyer et leur apporter les connaissances dont ils pourraient manquer pour traiter les blessés et les postopératoires, mais aussi prendre en charge l’accompagnement psychologique, indispensable après ce type de traumatisme», explique Florence Daunis, la directrice des opérations d’Handicap International, dont une équipe d’urgentistes a quitté Paris dimanche, et qui doit envoyer du matériel grâce à l’avion affrété pour lundi par le ministère des Affaires Etrangères.

Heureusement, toutes les ONG étaient préparées à un tel événement, ce qui a accéléré leur déploiement. «Cela fait trois ans environ que l’on sait qu’il peut y avoir un gros séisme, nous avions donc pré-positionné des stocks et préparé la logistique en fonction», indique Gilbert Potier. «On s’attendait à ce type de catastrophe. Nous avions donc travaillé à un plan de contingence en cas de séisme à Katmandou», confirme Florence Daunis. Malheureusement, même en étant préparés, ces opérations coûtent cher, de nombreuses organisation humanitaires en appellent donc à la générosité des particuliers.