DIPLOMATIEMigrants: L'UE n'a «plus d'alibi» après la nouvelle tragédie en Méditerranée

Migrants: L'UE n'a «plus d'alibi» après la nouvelle tragédie en Méditerranée

DIPLOMATIELes Etats membres de l'Union européenne veulent trouver des réponses pour éviter de nouvelles tragédies en Méditerranée...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'Union européenne a admis ce lundi qu'elle devait enfin prendre à bras le corps la question des migrants en Méditerranée, où un navire transportant plus de 300 personnes était en train de sombrer, au lendemain d'un autre naufrage qui fait craindre des centaines de morts.

«Nous n'avons plus d'alibi », a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant une réunion conjointe des ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur de l'UE. « Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c'en est trop », a-t-elle martelé.

La nouvelle du chavirement d'un chalutier dimanche au large de la Libye, avec potentiellement 950 personnes à bord selon un survivant, a choqué le monde entier.

Réactions horrifiées

Mais l'urgence est devenue plus évidente après que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé à la mi-journée avoir reçu un appel à l'aide d'une personne affirmant que son navire, avec 300 personnes à bord, était en train de couler dans les eaux internationales.

Vingt passagers sont déjà morts et deux autres bateaux à proximité sont également en difficulté, a précisé ce passager à l'OIM. Selon l'organisation, ceux-ci « n'ont pas les moyens de les secourir maintenant » car ils manquent de ressources en raison du naufrage d'un chalutier tôt dimanche au large de la Libye, probablement lorsque ses occupants se sont précipités du même côté en apercevant un cargo portugais venu porter secours.

La chancelière allemande Angela Merkel s'est dit « bouleversée », affirmant que l'Europe devait « trouver des réponses ». Le pape François a appelé la communauté internationale à « agir avec décision et rapidité ».

« On a besoin de mesures immédiates de la part de l'UE et des Etats membres », a assuré Federica Mogherini, citant le renforcement de l'opération européenne de surveillance maritime Triton, mais aussi une meilleure répartition de l'accueil des migrants au sein de l'Union, alors que l'Italie, la Grèce, Malte et l'Espagne portent la quasi-totalité du fardeau.

Peur d'un appel d'air

Les Européens sont très réticents à renforcer le secours en mer et à accueillir plus de gens, craignant que cela ne crée un appel d'air alors que le flot de migrants n'a jamais été aussi élevé. Selon le Haut-commissariat aux réfugiés, 35.000 migrants sont arrivés par bateau dans le sud de l'Europe depuis le début de l'année, et 1.600 sont portés disparus.

« Il y a aujourd'hui 21 bateaux, quatre avions, un hélicoptère. Il faut des moyens beaucoup plus conséquents », a souligné le ministre français, Harlem Désir.

Les Européens misent aussi sur la coopération avec les pays d'origine et de transit pour mieux réguler les flux. Ils pèsent de toute leur force sur les parlements libyens rivaux, qui négocient la formation d'un gouvernement d'union pour mettre fin au chaos dans le pays, où Daesh s'est implanté.

La stabilité en Libye semble le seul moyen d'endiguer durablement les départs de migrants africains et de réfugiés syriens massés sur ses côtes, alors que les trafiquants profitent de la situation. L'UE promet un « soutien », mais reste vague sur les options envisagées. Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi t réclame un sommet des 28 chefs d'Etat dès cette semaine.