Tunisie: 23 suspects arrêtés après l'attentat du Bardo, au moins quatre en fuite

Tunisie: 23 suspects arrêtés après l'attentat du Bardo, au moins quatre en fuite

La Tunisie a estimé jeudi avoir démantelé l'essentiel de la "cellule terroriste" responsable de l'attaque contre le musée du Bardo même si au moins quatre suspects --deux Marocains, un Algérien et un Tunisien-- sont toujours en fuite.
© 2015 AFP

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La Tunisie a estimé jeudi avoir démantelé l'essentiel de la «cellule terroriste» responsable de l'attaque contre le musée du Bardo même si au moins quatre suspects --deux Marocains, un Algérien et un Tunisien-- sont toujours en fuite.

«Vingt-trois personnes, dont une femme, qui constituaient une cellule terroriste ont été arrêtées», a dit le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, lors d'une conférence de presse faisant état du démantèlement de «80% de cette cellule» impliquée dans l'attaque du musée.

Toutes les personnes arrêtées sont des Tunisiens. Au moins deux Marocains, un Algérien et un Tunisien sont en fuite. Ce dernier, Maher Ben Mouldi Kaidi (bien Kaidi), est accusé d'avoir fourni les armes automatiques aux deux tireurs qui ont abattu le 18 mars 21 personnes --20 touristes étrangers et un policier--, selon la même source.

Par ailleurs, le chef de ce groupe a été arrêté et identifié comme «Mohamed Emine Guebli».

Mais le ministre a indiqué que «l'opération terroriste a été dirigée par le terroriste Lokmane Abou Sakhr», un chef jihadiste de nationalité algérienne considéré comme l'un des dirigeants de Okba Ibn Nafaa, un groupe affilié à Al-Qaïda et pourchassé par l'armée depuis plus de deux ans dans les montagnes frontalières de l'Algérie.

A ce titre, le ministère a remis en cause la revendication du groupe Etat islamique, estimant que ses rivaux d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont en réalité commis l'attaque.

«Pour faire la propagande, la publicité, c'est l'Etat islamique qui a loué cet acte. Mais sur le terrain c'était Okba Ibn Nafaa qui appartient à Al-Qaïda au Maghreb islamique qui a organisé et commis ce crime», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui.

Aqmi n'a pas remis en cause la revendication de l'EI, la première en Tunisie.

Okba Ibn Nafaa est responsable selon les autorités d'une multitude d'embuscades et d'attentat contre des militaires et des policiers, ayant fait une soixantaine de morts depuis fin 2012.

Selon le ministre de l'Intérieur, les 23 suspects arrêtés se divisent en plusieurs groupes chargés de superviser, de planifier, d'assister à la logistique et d'exécuter l'attaque. Ils doivent être présentés jeudi à la Justice, a dit M. Gharsalli, sans plus de précisions.

Enfin, le ministre, qui a montré des extraits de vidéos de l'assaut des forces spéciales qui ont tué les deux assaillants armés, a indiqué que huit touristes avaient été abattus à la descente de leur bus devant le musée et 12 autres à l'intérieur du bâtiment.

- Marche internationale -

L'attaque du Bardo, qui a suscité une vive émotion dans le monde, est la première à atteindre des civils étrangers depuis 2002 et l'attentat contre la synagogue de la Ghriba à Djerba.

La présidence tunisienne a décidé d'organiser une marche internationale «contre le terrorisme» à Tunis dimanche, sur le modèle de celle qui avait eu lieu à Paris après les attaques contre le journal Charlie Hebdo et un supermarché casher. Le chef de l'Etat français, François Hollande a d'ores et déjà annoncé sa venue.

«J'adresse un appel à toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens -jeunes, adultes, enfants- à (...) participer à cette marche pour exprimer la force de la Tunisie et sa volonté de combattre ce terrorisme», a déclaré mercredi soir dans une brève allocution télévisée le président tunisien, Béji Caïd Essebsi.

Il s'agira aussi d'«envoyer un message à l'étranger selon lequel la Tunisie continue sa lutte contre le terrorisme, mais persiste aussi dans son attachement aux réformes politiques qu'elle a faites».

La Tunisie fait figure de rescapée du «Printemps arabe», sa transition vers la démocratie étant saluée par la communauté internationale alors que les autres pays ayant connu des révolutions en 2011 ont basculé dans le chaos, la guerre ou la répression.

Le pays fait face cependant à de grandes difficultés économiques et craint que son secteur stratégique du tourisme, déjà en panne, ne soit ravagé par l'essor de la menace jihadiste.

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