Nucléaire: l'Iran et les Etats-Unis négocient dans un climat de scepticisme

Nucléaire: l'Iran et les Etats-Unis négocient dans un climat de scepticisme

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef de la ...
© 2015 AFP

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Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif ont repris mardi leurs tractations sur le programme nucléaire de Téhéran, mais les chances de parvenir à un accord dans les prochains jours semblent s'amenuiser.

Après 12 ans de tensions entre l'Iran et les Occidentaux et 18 mois de pourparlers intenses, la République islamique et les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France, et Allemagne) se sont donné jusqu'au 31 mars pour sceller un règlement politique qui garantirait que l'Iran n'aura jamais la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions.

Après une première journée de négociations tous azimuts lundi -- entre Américains et Iraniens à Lausanne et entre Téhéran et les Européens à Bruxelles -- MM. Kerry et Zarif se sont revus pendant deux heures mardi dans un palace de la ville suisse. Ils étaient accompagnés du ministre américain de l'Energie Ernest Moniz et du chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi.

Mais depuis lundi soir, les parties expriment plus ou moins clairement leur scepticisme sur les chances de conclure dans les jours qui viennent.

«Nous avons à coup sûr fait des progrès» mais «il nous reste des sujets difficiles», a mis en garde mardi matin un haut responsable américain. Il a insisté sur des contentieux d'ordre «technique» entre l'Iran et le 5+1 mais il n'est pas entré dans les détails.

«L'Iran doit encore faire des choix très difficiles (...) afin de répondre aux importantes préoccupations qui subsistent sur son programme nucléaire», avait déjà mis en garde lundi soir un autre responsable américain. Interrogé sur la possibilité d'aboutir d'ici au 31 mars, il avait répondu: «Très franchement, nous ne savons toujours pas si nous le pourrons».

«Il y a eu des avancées mais il reste des points importants qui ne sont pas réglés», avait également souligné à Bruxelles le chef de la diplomatie français Laurent Fabius, son homologue britannique Philip Hammond prévenant du «long chemin» restant à parcourir.

- 'Points de vue différents' -

Tout aussi dubitatif, M. Zarif avait relevé que si «pour certains une solution est entièrement à portée de main, pour d'autres nos points de vue diffèrent».

Les directeurs politiques des gouvernements du 5+1 et de l'Iran doivent se retrouver mercredi à Lausanne. On ne sait pas en revanche si les ministres des Affaires étrangères viendront cette semaine rejoindre MM. Kerry et Zarif.

A la suite d'un règlement provisoire de novembre 2013, le 5+1 et l'Iran ont repoussé par deux fois la date butoir pour un accord définitif. Washington a prévenu qu'il n'y aurait pas d'autre prolongation.

En cas d'entente politique d'ici au 31 mars, les grandes puissances et Téhéran sont convenus de finaliser d'ici au 30 juin/1er juillet tous les détails techniques. Le premier document de quelques feuillets fixerait les grands chapitres pour garantir le caractère pacifique des activités nucléaires iraniennes. Il établirait aussi le principe du contrôle des infrastructures de l'Iran, la durée de l'accord et le calendrier d'une levée progressive des sanctions.

Sur ce point précis, Téhéran et les 5+1 sont en désaccord. L'Iran voudrait une levée en une seule fois de mesures punitives prises ces dernières années par l'ONU, les Etats-Unis et l'UE, qui l'étouffent économiquement et l'isolent diplomatiquement.

Il semble y avoir aussi divergences sur la durée de l'accord et sur la période dite de «breakout» qui laisserait assez de temps au 5+1 pour réagir si l'Iran violait ses engagements.

Le président américain Barack Obama a maintes fois promis qu'il ferait tout, y compris militairement, pour empêcher l'Iran d'avoir un jour la bombe.

Mais depuis septembre 2013, il mise sur la carte diplomatique et a fait d'un rapprochement avec la puissance chiite une priorité de sa politique étrangère.

Cette possible percée historique a provoqué la colère d'une partie du Congrès américain, contrôlé par les républicains.

Une cinquantaine de sénateurs républicains ont adressé il y a dix jours aux dirigeants iraniens une lettre ouverte les mettant en garde contre un accord avec M. Obama, soulignant que le Congrès aurait le dernier mot sur ce dossier.

M. Zarif s'est ému de cette controverse politique aux Etats-Unis lors de ses entretiens avec M. Kerry, ont reconnu les responsables américains.

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