Accord sur la dette grecque: Première victoire pour Athènes ou reculade?
EUROPE•Après un accord vendredi soir, le Premier ministre grec doit présenter une série de réformes ce lundi, condition d'un prolongement de l'aide de l'Europe à son pays...Oihana Gabriel avec AFP
Un accord et encore bien du chemin à parcourir. Au terme de négociations rudes, l’Eurogroupe et la Grèce ont abouti à un accord vendredi soir. Un compromis plutôt ambigu. Mais qui donne du temps à la Grèce: le plan d’aide, qui arrivait à son terme fin février, est prolongé jusqu’à fin juin. A condition qu’Athènes présente ce lundi un plan de réformes à la hauteur des attentes de Bruxelles.
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Qu’a gagné la Grèce?
Adieu la troïka. Plus personne ne parle de troïka (Union Européenne, Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International), estampillé ennemi numéro 1 de Syriza. Les créanciers de la Grèce sont désormais désignés sous le terme d'«institutions». Dans une allocution télévisée samedi, le Premier ministre grec a estimé avoir «gagné une bataille», célébrant que cet accord «laisse derrière (lui) austérité, mémorandum, troïka». Sans toutefois oublier la «route longue et difficile» qui attend le pays.
La question de la «flexibilité». L’accord permet de débloquer 7,2 milliards d'euros de prêt à Athènes. Mais les créanciers n’accepteront de débloquer les fonds qu’à la condition de voir Tsipras s’engager sur des réformes détaillées ce lundi. Et l’accord de préciser que le financement sera assuré «sur la base des conditions fixées dans le programme actuel, en faisant le meilleur usage possible de la flexibilité, qui sera examinée, conjointement, par les autorités grecques et les institutions». Reste à voir quelle marge de manœuvre garde Athènes.
Athènes coauteur de sa politique. «Je suis absolument certain que la liste des réformes sera approuvée», a déclaré samedi soir le ministre des Finances Yanis Varoufakis. Selon lui, le gouvernement devrait être dispensé d'inclure certaines mesures jusqu'alors exigées: hausse de TVA, nouvelles coupes dans les retraites ou poursuite de la dérégulation du marché du travail. Cela permet à Athènes de se présenter désormais en "coauteur des réformes et de sa destinée", plutôt qu'en élève soumis», a ajouté le ministre.
La BCE plus conciliante? Après une retentissante annonce début février, la BCE serait sur le point de faire machine arrière. C’est en tout cas l’opinion de Yanis Varoufakis convaincu que la BCE allait rouvrir le robinet des liquidités, selon Mediapart. La BCE avait décidé de suspendre un régime de faveur accordé aux banques grecques qui leur permettait d'emprunter de l'argent auprès de la BCE avec des garanties inférieures à ce qu'elle exige d’habitude.
Les mauvaises nouvelles pour Athènes
Quel accord? Si Alexis Tsipras se veut rassurant, rien ne garantit qu’il décrochera le feu vert de la zone euro. Car une partie de ses réformes, sur lesquelles il vient de se faire élire, a un coût: hausse du salaire minimum, hausse des petites retraites, protection des saisies immobilières ou arrêt des privatisations.
Eviter de creuser le déficit de la Grèce. Si les créanciers acceptent qu’Athènes remplace certaines réformes par d’autres, chaque modification du programme doit être «financée». Et Athènes de rassurer: les mesures sociales pourraient être compensées par les recettes attendues de la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption, et la réorganisation de l'administration.
La méfiance de Bruxelles. Si cet accord prouve que le dialogue entre Athènes et Bruxelles a repris, même laborieusement, la confiance n’est pas encore d’actualité. Pour preuve, il prévoit que les onze milliards d'euros restant dans le fonds de stabilité des banques grecques soient gérés directement par le Fonds européen de stabilité financière et non par les Grecs. De peur que cet argent soit dépensé pour financer des réformes et non pour la sauvegarde du système financier. Et l’Union européenne attendra une évaluation des réformes en avril avant de réfléchir à toute aide supplémentaire.