LEGISLATIVESElections en Grèce: «Je n’attends rien de ce scrutin»

Elections en Grèce: «Je n’attends rien de ce scrutin»

LEGISLATIVES«20 Minutes» a recueilli les témoignages de plusieurs électeurs grecs pour mieux comprendre leurs attentes et leurs espoirs...
Propos recueillis par L. C.

Propos recueillis par L. C.

Environ 10 millions d’électeurs grecs sont appelés aux urnes en ce jour d’élections souvent qualifiées d’historiques par les médias internationaux. La victoire du parti de la gauche radicale Syriza, qui caracole en tête des sondages avec environ 35% d’intentions de vote, semble inéluctable, même si la majorité absolue de 151 sièges au Parlement n’est pas acquise.

En amont du scrutin, 20 Minutes a recueilli les témoignages de plusieurs électeurs pour mieux comprendre leurs attentes et leurs espoirs.

Serafeim, 29 ans : «Même si Syriza ne tient que quelques-unes de ses promesses, notre vie sera peut-être un peu meilleure»

Serafeim vit à Athènes où il travaille dans le secteur des technologies de l’information. Dimanche, pour le scrutin, il retourne dans son village, dans le dème d’Amfilochia, dans l’Ouest du pays. Le jeune homme est encore indécis, même s’il votera probablement pour un parti du centre-gauche, et «pas pour Syriza», quoique la victoire du parti d’Alexis Tsipras ne lui semble pas forcément être une mauvaise nouvelle. Pour lui, Syriza «ne pourra évidemment pas tenir toutes ses promesses, comme bien d’autres partis d’ailleurs». On sent néanmoins poindre une lueur d’espoir dans ses propos: «Si Syriza ne tient ne serait-ce que quelques-uns de ses engagements, alors notre vie sera un peu meilleure, et ce serait déjà un grand progrès.» «Il faut revoir les salaires à la hausse. Le coût de la vie est trop élevé, on ne peut pas demander aux gens de payer autant d’impôts quand il est si difficile de gagner sa vie», estime-t-il.

Serafeim espère que le parti gagnant fera des jeunes sa priorité. «Ma génération est désabusée, et j’espère que le résultat de ces élections donnera de l’espoir aux plus jeunes, et que le futur gouvernement prendra des mesures pour améliorer leur pouvoir d’achat et leur qualité de vie et créer des emplois.»

«Je connais beaucoup de Grecs qui ont quitté le pays depuis le début de la crise. J’aimerais que le futur gouvernement leur donne envie de revenir. Nous avons besoin d’eux», conclut-il.

Dimitra, 34 ans : «J’espère que le futur gouvernement décidera de quitter la zone euro»

Dimitra vit à Athènes. Architecte de formation, elle a été serveuse, faute de trouver un emploi plus stable, et travaille désormais à son compte, exerçant plusieurs activités artistiques et artisanales, qu’elle avoue ne pas déclarer, «car je n’ai pas les moyens de payer tous les impôts».

«A chaque fois, je me dis que je ne vais pas aller voter, mais je finis par me rendre au bureau de vote », explique-t-elle. « Il faut que nous fassions entendre notre voix à ceux qui nous gouvernent.»

La jeune femme n’est pas convaincue par la ferveur pro-Syriza. «En ce moment, tout le monde ne parle que de Syriza, mais c’est un peu un effet de mode. Alexis Tsipras promet beaucoup de mesures et bien des progrès, mais je doute qu’il puisse mettre son programme en œuvre, quand bien même il ne s’agirait pas de promesses en l’air pour gagner des voix». Pour elle, «les candidats de Syriza sont «recyclés». C’est un nouveau Pasok [mouvement socialiste panhellénique], ils ont juste changé le nom.» Son choix n’est pas encore fait. «Je ne vais pas voter pour Syriza, mais pour un plus petit parti, à gauche.»

Sur la question de l’euro, elle attend du futur gouvernement qu’il n’hésite pas à prendre des mesures radicales. «La Grèce devrait sortir de la zone euro. Notre pays ne peut pas boxer dans la même catégorie que l’Allemagne par exemple. Depuis que nous avons adopté l’euro, tout va mal: les prix ont augmenté, la dette a explosé, les salaires ont baissé. Cela serait mieux pour le peuple que l’on abandonne ce système.»

Marianna, 50 ans : «Plus Alexis Tsipras se rapproche du pouvoir, et plus je le trouve conservateur»

Cette professeur de lettres et de philosophie vit dans la périphérie de la capitale grecque. Elle enseigne dans un lycée d'Athènes. Marianna boude les urnes depuis 25 ans, et ces élections ne la feront pas changer de position. «Je n’attends rien de ce scrutin», déclare-t-elle. Elle ne fait pas confiance à Syriza, «qui a beaucoup changé de discours au cours de ces trois dernières années.»

«Peut-être que Syriza pourra faire quelque chose pour améliorer les conditions de vie des franges très pauvres de la population, mais je crois que les classes moyennes, très majoritaires, n’ont rien à espérer d’une victoire du parti de Tsipras.»

«Il va rester dans le système, dans l’OTAN, dans l’UE, dans la zone euro. Je ne crois pas qu’il y aura une vraie rupture, malgré toutes ses promesses. Plus Alexis Tsipras se rapproche du pouvoir, et plus je le trouve conservateur», explique-t-elle, craignant même qu’il ne «salisse l’image de la gauche».

Pourtant, il y a énormément de choses à changer selon Marianna, à commencer par la fiscalité, «qui devrait être plus juste», et «le système clientéliste qui sévit toujours.» «Pour moi, en tant que professeur, la priorité c’est le système éducatif, pour que notre peuple soit éduqué. Après tout, on a les hommes politiques que l’on mérite», lâche-t-elle.