Grèce: sa direction est en prison, mais Aube dorée garde des ambitions
Depuis un an, toute la direction d'Aube dorée, dont sept députés, ...© 2015 AFP
Depuis un an, toute la direction d'Aube dorée, dont sept députés, est en prison : mais la situation n'empêche pas le parti grec d'inspiration néonazie d'espérer, avec quelques raisons, figurer encore en bonne place aux élections législatives de dimanche.
«Le peuple est avec nous. Nous allons en sortir encore plus forts», veut croire Michalis Arvanitis, député de Patras (Péloponnèse), un des 18 élus d'Aube dorée en 2012, un des 16 (sur 300 députés) qui lui restent au Parlement grec, et un des neuf qui ne sont pas en prison actuellement.
Les sondages montrent en effet que ce parti violemment anti-immigration, qui a fait son lit durant les six années de récession du pays, a une chance de rester dimanche le troisième de Grèce, (loin) derrière Syriza (gauche radicale), promis par tous les sondages à la victoire, et Nouvelle Démocratie (droite), le parti du Premier ministre Antonis Samaras. Malgré la forte polarisation prévue - Syriza et Nouvelle Démocratie obtiendraient près de 60% à eux deux - Aube dorée est crédité de 5 à 6% des votes.
Le parti avait obtenu 9,4% des voix aux européennes de mai, faisant son entrée au Parlement européen avec trois députés grecs sur 21.
A Patras, principal port de passage vers l'Italie, fréquenté par de pauvres migrants cherchant à se frayer un passage sur les ferries, Aube dorée a de nombreux supporters.
«Je vais revoter pour eux, et encore plus convaincu qu'avant», déclare Yorgos, 37 ans, qui travaille dans le domaine de la sécurité publique, à un poste qu'il préfère taire.
«Depuis que nous avons ouvert nos frontières aux migrants (dans les années 90) on ne peut plus dormir la fenêtre ouverte, on s'enferme. Voilà comme on vit à présent», assure-t-il à l'AFP.
De surcroît, assène-t-il, «la plupart de ces gens sont des fanatiques, prêts à tuer si on leur dit qu'Allah n'existe pas».
- 'Grecs au pouvoir, voleurs en prison' -
Après des années de laxisme du gouvernement envers les postures extrêmes du parti - violences sur les immigrés, rassemblements inquiétants d'hommes en noir... - la justice est soudain tombée sur Aube dorée avec sévérité à l'automne 2013, après le meurtre d'un rappeur par un des militants.
Les armes prohibées et autres documents d'obédience fascisante trouvés à de nombreux domiciles ont étayé l'accusation, et le procureur a requis le renvoi devant le tribunal de 70 personnes, dont les députés, la plupart pour «appartenance à une organisation criminelle». Aucune date n'est encore avancée pour un procès.
La direction du parti a toujours nié s'être inspirée des nazis, assurant ainsi que les méandres ressemblant à des croix gammées sur les drapeaux d'Aube dorée sont la représentation de symboles grecs antiques, et ne pas être un parti raciste, mais simplement opposé à l'immigration illégale.
«Ils disent qu'ils ne sont pas nazis, pourquoi est-ce que je ne les croirais pas ?» s'interroge Yorgos.
Si le parti a toujours un nombre conséquent de supporters, Vassiliki Georgiadou, professeur de sciences politiques à l'université Panteion d'Athènes, estime que l'enquête et les incarcérations ont eu de fortes conséquences. «Sans cela, ils seraient à 15%», assure-t-elle.
«Le parti n'est plus dans les quartiers ou les écoles comme avant, et il n'est plus aussi actif... Mais il mettra du temps à disparaître car il était très soutenu», selon elle.
Aube dorée a investi pour la campagne dans des spots télévisés, avec comme slogan «Les Grecs au pouvoir, les voleurs en prison».
Nikos Michaloliakos a également l'intention de s'adresser mercredi soir depuis sa prison à ses fidèles réunis dans un hôtel d'Athènes.
«Ils ont peur de nous», a-t-il affirmé dans une interview cette semaine au sujet des autres partis. «Aube dorée est persécuté par un régime pourri, nous nous battons pour une Grèce libre, et pour des chances égales pour tous les Grecs. Et nous sommes prêts à donner nos vies pour cela», a-t-il déclaré.